Tout compte fait, Oussama ben Laden n'était pas armé lorsque des membres d'un commando américain ont ouvert le feu sur lui dimanche, l'atteignant d'une balle au-dessus de l'oeil gauche et d'une autre à la poitrine.

La Maison-Blanche a fait cet aveu hier, moins de 24 heures après que des responsables américains eurent affirmé le contraire. Cette nouvelle version de l'assaut dans la résidence de Ben Laden à Abbottabad a été présentée au cours d'une journée où l'administration Obama a débattu l'opportunité de diffuser la photo de la dépouille du chef d'Al-Qaïda.

Le porte-parole de la Maison-Blanche, Jay Carney, a prévenu que la publication de cette image «macabre» pourrait enflammer les passions des ennemis des États-Unis. Mais au moins deux sénateurs américains ont fait valoir que le président devrait se résoudre à cette diffusion afin de combattre les théories de conspiration qui ont vu le jour depuis l'annonce de la mort de Ben Laden et de son inhumation en pleine mer.

«Mon instinct me dit qu'il est probablement nécessaire de publier ces photos», a déclaré le sénateur indépendant du Connecticut Joe Lieberman, président de la commission sur la sécurité intérieure du Sénat, lors d'une conférence de presse à Washington.

Présente à ses côtés, sa collègue républicaine du Maine, Susan Collins, a abondé dans le même sens, tout en qualifiant de «très probante» l'analyse ADN ayant permis de confirmer la mort de Ben Laden.

C'était la deuxième fois en moins de 24 heures que l'administration Obama modifiait sa version des derniers moments de Ben Laden. Lundi, la Maison-Blanche avait démenti un détail fourni par son conseiller antiterroriste John Brennan, qui avait accusé le chef d'Al-Qaïda de s'être servi d'une de ses femmes comme bouclier.

Lors de son point de presse, Jay Carney a lu une courte déclaration du département de Défense expliquant que la femme de Ben Laden avait été atteinte d'une balle à une jambe après s'être précipitée sur des membres du commando américain. Et pourquoi des militaires américains ont-ils ouvert le feu sur un Ben Laden désarmé? Le chef d'Al-Qaïda n'avait pas besoin d'une arme pour résister, a répondu le porte-parole de la Maison-Blanche.

«Au premier étage du complexe de Ben Laden, deux messagers d'Al-Qaeda ont été tués, de même qu'une femme atteinte dans la fusillade», a raconté Jay Carney. «Ben Laden et sa famille ont été trouvés au deuxième et troisième étages de l'édifice. Il y avait lieu de croire que Ben Laden résisterait à sa capture et c'est effectivement ce qu'il a fait.»

Comme il fallait s'y attendre, l'annonce de la mort de Ben Laden a eu un impact positif sur la cote de popularité de Barack Obama: 56% des Américains sont désormais satisfaits de son action à la Maison-Blanche, selon un sondage publié hier par le Washington Post et le Pew Research Center, une augmentation de neuf points par rapport à un coup de sonde réalisé en avril par le Post .