Pour le commun des Britanniques, c'est le couronnement d'une vie: une invitation à l'une des trois garden-parties annuelles de la reine Élisabeth. Notre journaliste a eu ce privilège mercredi dernier. Visite guidée dans les jardins de Sa Majesté.

«Excusez-moi, êtes-vous des amis de la reine?» Des touristes étaient curieux de savoir pourquoi des hommes et des femmes parés de leurs plus beaux habits patientaient devant les grilles du palais de Buckingham, mercredi dernier. Après tout, les 19 salles d'État du château, qui compte 775 pièces, ne s'ouvrent au grand public qu'à la fin du mois de juillet.

C'est que la reine avait invité environ 8000 personnes à la première réception de l'été dans les jardins du palais. Quelques nobles, certes, mais surtout des roturiers recommandés par des organismes de charité, des forces militaires, des agences gouvernementales et des corps de métier, comme ce fut le cas pour notre correspondante, membre de la Foreign Press Association.

Les yeux écarquillés et le sourire aux lèvres, les invités entrent par un passage sous le balcon où Catherine Middleton et le prince William se sont embrassés le 29 avril dernier.

Ils sont rapidement guidés à travers quelques salles somptueuses sous le nez des hallebardiers, qui ne peuvent s'empêcher de dévisager les femmes coiffées de chapeaux multicolores et les hommes en queue de pie.

Une fois sur la terrasse arrière, le spectacle est à couper le souffle: la pelouse d'un vert éclatant est tachetée de robes de couleurs vives. Une partie de la foule disparaît sous un long chapiteau où seront servis 20 000 sandwichs -notamment au concombre, un classique anglais-, 20 000 petits gâteaux et 27 000 tasses de thé au cours de l'après-midi.

Entrée de la reine

Au bout du terrain, des canards glissent sur un petit lac bordé d'arbres. Les jardins comptent 350 sortes de fleurs sur une superficie de 160 000 m2. Un havre de paix en plein coeur de Londres.

Mais tous les yeux sont tournés vers le palais. Il est presque 16h. La reine et son mari, le prince Philip, arriveront d'une minute à l'autre. «Ah, les voilà!» s'exclame une femme alors que l'orchestre entame l'hymne national.

La reine, toute menue dans un ensemble mauve, s'avance entre des hallebardiers pour rencontrer des invités choisis par le Lord chambellan - le fonctionnaire en chef de la cour.

Sara Dimasi, vêtue d'un tailleur crème, rayonnait après son entretien avec la souveraine. «Nous avons discuté du temps qu'il fait, de l'économie et de l'horaire chargé de William et Kate depuis leur mariage, a dit l'avocate du magasin Harrods. Elle a vraiment l'esprit vif.»

Policiers aux abois

Signe de la popularité des réceptions de la reine, un policier en civil a abordé l'auteure de ces lignes pour vérifier sa carte de presse. «Des gens se font parfois passer pour journalistes», a-t-il expliqué.

Aucune brigade du code vestimentaire n'a importuné Naina Acharya, qui, vêtue d'un sari, ne portait pas de chapeau. «C'est mon costume national, j'en suis fière», a dit Mme Acharya, dont le mari, employé au cabinet des ministres, avait obtenu une invitation pour son 25e anniversaire de mariage.

Sur le coup de 18h, les femmes remettent leurs pieds endoloris dans leurs talons hauts et les convives prennent en vitesse leurs dernières photos, sachant qu'ils ne remettront plus jamais les pieds dans ce décor de rêve. Les sujets de Sa Majesté ne sont invités qu'une fois à ces réceptions.