Après avoir annoncé sur un ton plus ou moins facétieux qu'il respecterait le verdict du 8 novembre «s'il gagne», Donald Trump a promis hier d'accepter un «résultat clair», tout en se réservant le droit de contester en justice un «résultat douteux». De là à dire que l'élection présidentielle sera «truquée», comme le candidat républicain le répète depuis des semaines, il y a cependant un monde.

Pourquoi la possibilité d'un complot pour truquer l'élection présidentielle est-elle très faible, voire nulle ?

Chaque État américain est responsable de l'organisation des élections sur son territoire, y compris le scrutin présidentiel. Un trucage des élections favorisant Hillary Clinton présupposerait donc la complicité de responsables républicains de plusieurs États clés, dont l'Ohio, la Floride, la Caroline du Nord, le Michigan et le Wisconsin, pour n'en nommer que quelques-uns. Scénario que plusieurs secrétaires d'État républicains, dont celui de l'Ohio, ont rejeté cette semaine. « Je peux rassurer Donald Trump, je suis responsable des élections en Ohio, et elles ne seront pas truquées », a déclaré sur CNN Jon Husted, qui soutient la candidature de Trump.

Les noms de quelque 1,8 million de personnes décédées qui n'ont pas été enlevés des listes électorales peuvent-ils être utilisés pour permettre à des vivants de voter illégalement ?

Donald Trump a mentionné cette donnée mercredi soir lors du troisième débat présidentiel, l'attribuant correctement au Pew Research Center, un groupe de recherche prestigieux. Ce n'était pas la première fois qu'il abordait ce sujet. Lors d'un discours au Wisconsin, il a affirmé que ces « 1,8 million » ne voteraient pas pour lui, mais « pour quelqu'un d'autre ». Or, tout en révélant des problèmes dans la mise à jour des listes électorales, le Pew Research Center n'a jamais lié la présence de noms de personnes décédées à quelque fraude que ce soit. En fait, les spécialistes de la question estiment que la fraude électorale impliquant des bulletins de vote déposés au nom d'électeurs décédés est rare.

Les immigrants clandestins contribuent-ils à la fraude électorale ?

Pour Donald Trump, cela ne fait aucun doute. « Les immigrants clandestins votent », a-t-il dénoncé lors d'un discours au Wisconsin, appuyant ses dires sur un article du Washington Post publié en 2014 et signé par deux professeurs de l'Université Old Dominion. « Plus de 14 % de non-citoyens ont indiqué qu'ils étaient inscrits sur les listes électorales selon des sondages réalisés en 2008 et 2010 », a déclaré Trump, précisant que les non-citoyens avaient tendance à voter pour les démocrates. « Il est possible que les non-citoyens aient été responsables de la victoire d'Obama en Caroline du Nord en 2008 », a dit le candidat républicain. Selon le site de vérification des faits FactCheck.org, les conclusions des professeurs d'Old Dominion ont été contestées par plusieurs experts, dont les auteurs des sondages utilisés dans l'étude controversée.

Trump et ses alliés républicains ont-ils raison de comparer la position actuelle du candidat républicain à celle d'Al Gore, candidat démocrate à la présidence, en 2000 ?

Jason Miller, porte-parole de Trump, est l'un de ceux qui ont invoqué le nom de Gore pour justifier le refus du candidat républicain de s'engager à accepter le résultat de l'élection présidentielle. « Personne ne veut d'un autre Al Gore, qui concède la victoire, puis se rétracte avant de concéder de nouveau », a-t-il déclaré sur Fox News. Miller faisait référence à la soirée électorale du 7 novembre 2000 et à l'imbroglio juridique qui a suivi en raison de l'infime marge (537 voix) qui séparait Gore de George W. Bush en Floride, l'État qui devait décider du gagnant du scrutin. Gore a contesté ce résultat au lendemain du vote. Mais il n'avait jamais mis en doute l'intégrité du système électoral avant l'élection. Et il s'est plié de bonne grâce à la décision de la Cour suprême mettant fin au dépouillement judiciaire des bulletins de vote en Floride et confirmant la victoire de Bush.