Le mystère de la déclaration fiscale de Donald Trump a été partiellement éclairci samedi par de nouvelles révélations sur sa façon d'échapper à l'impôt, des révélations qui concluent une semaine désastreuse pour le candidat républicain à la Maison-Blanche.

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C'est peut-être la « surprise d'octobre » la plus hâtive de l'histoire.

Surprise d'octobre ? Selon le folklore politique américain, l'expression fait référence à un événement imprévu qui bouleverse la campagne présidentielle à quelques semaines du scrutin.

Samedi soir, premier jour d'octobre, cette surprise a pris la forme d'une bombe larguée par le New York Times concernant une déclaration de revenus produite par Donald Trump : en 1995, le magnat de l'immobilier a déclaré des pertes colossales de 916 millions de dollars liées en partie à la débâcle de ses casinos d'Atlantic City. Selon les experts consultés par le journal, cette somme aurait pu lui permettre de soustraire en toute légalité 50 millions de dollars de ses revenus imposables chaque année pendant 18 ans.

Conclusion du Times : Trump pourrait avoir évité de payer des impôts de 1995 à 2013. Est-ce vraiment le cas ? Impossible de le savoir en raison du refus du milliardaire de se plier à une tradition respectée par tous les candidats à la Maison-Blanche depuis 40 ans, celle de rendre publiques ses déclarations de revenus.

La publication de l'article du Times concluait l'une des pires semaines de la campagne de Donald Trump. 

À 35 jours du scrutin présidentiel, cette bombe met en cause non seulement la participation du candidat républicain au fardeau fiscal de l'ensemble des Américains, mais également son succès dans les affaires, sa carte maîtresse.

La question des impôts de Trump avait déjà été soulevée lundi dernier lors du premier débat présidentiel, affrontement qui devait donner le ton à la semaine infernale du candidat républicain. Hillary Clinton avait affirmé que son rival refusait de publier ses déclarations de revenus parce qu'il ne voulait pas que les Américains apprennent qu'il ne paie pas d'impôts. Après tout, les documents fiscaux qu'il a dû produire en 1978 et 1979 afin d'obtenir une licence d'exploitation de casinos « montrent qu'il n'a payé aucun impôt fédéral sur le revenu », avait précisé la candidate démocrate.

Trump avait répliqué : « Cela veut dire que je suis intelligent. »

MACHADO DE NOUVEAU ATTAQUÉE

Cet échange n'est pas passé inaperçu, loin de là, mais il a vite été éclipsé par la controverse surréaliste soulevée par les propos de Trump sur Alicia Machado, Miss Univers 1996, dont l'histoire avait été évoquée par Clinton à la fin du débat. Le lendemain matin, sur Fox News, Trump avait reproché à l'ex-Miss Univers d'avoir pris « énormément de poids » pendant son règne, d'où les surnoms dont il l'avait affublée à l'époque : « Miss Piggy » et « Miss Housekeeping ».

Vendredi dernier, au petit matin, Trump devait viser encore plus bas en invitant les Américains à examiner le passé de Machado et à visionner une « vidéo sexuelle » la mettant en scène. Il faisait vraisemblablement référence à un extrait d'une téléréalité espagnole montrant l'ex-Miss Univers sous les draps en 2005.

Qu'à cela ne tienne : ne décolérant pas, Trump allait menacer le même jour de ramener sur le tapis les scandales sexuels de Bill Clinton afin de nuire à sa femme. « Elle est méchante, mais je peux être encore plus méchant qu'elle », a-t-il confié au New York Times.

« GÉNIAL » OU « SCANDALEUX »

Hier matin, Trump n'a pas nié l'authenticité des documents obtenus par le New York Times et envoyés par la poste par une source anonyme dans une enveloppe ayant pour adresse d'expéditeur la Trump Tower, détail pour le moins piquant.

« Je connais les lois fiscales mieux que n'importe quel autre candidat à la présidence et je suis le seul capable de les améliorer », a-t-il écrit sur Twitter.

Un peu plus tard, Rudolph Giuliani, allié de Trump, a qualifié de « génie » le candidat républicain pour avoir su tirer profit de façon légale du code des impôts.

« Il aurait été idiot de ne pas en profiter », a dit l'ancien maire de New York sur ABC.

S'exprimant à la même chaîne, Bernie Sanders, ancien rival d'Hillary Clinton lors des primaires démocrates, s'est indigné.

« Si tout le monde dans ce pays était un génie, nous ne paierions pas d'impôts et nous n'aurions pas de pays. C'est scandaleux », a-t-il dit.

À une autre époque, Donald Trump aurait été d'accord avec l'opinion du sénateur du Vermont. Invité en 2011 à réagir sur Fox News aux efforts de Barack Obama pour augmenter les impôts des Américains les plus fortunés, auxquels le président demandait de se sacrifier, le milliardaire avait offert cette réponse : « Je n'ai rien contre l'idée de me sacrifier pour le pays, pour être honnête avec vous. Mais nous avons un problème parce que la moitié des gens ne paient aucun impôt. »

Trump aura sans doute l'occasion de revenir sur le sujet dimanche à l'occasion du deuxième débat présidentiel. D'ici là, d'autres surprises d'octobre pourraient surgir.