Hillary Clinton et Donald Trump repartent mardi en campagne dans des États-clés de l'élection présidentielle de novembre, après un premier débat télévisé tendu qui a remis en selle la démocrate.

Les deux camps criaient victoire mardi matin, mais avec plus de conviction chez Hillary Clinton, qui a montré après sa pneumonie et deux semaines de quasi-absence qu'elle était en forme et n'avait rien perdu de sa vigueur, le républicain n'ayant pas réussi à la déstabiliser.

« Ce débat a été une occasion superbe pour les électeurs de comparer les deux candidats et de juger lequel est prêt à devenir président des États-Unis », s'est félicité Robby Mook, directeur de campagne d'Hillary Clinton, sur CNN.

Les prétendants à la succession de Barack Obama capitaliseront chacun sur l'émission, regardée par des dizaines de millions d'électeurs, lors de rassemblements en Caroline du Nord pour Hillary Clinton et en Floride pour Donald Trump, deux grands États où ils sont au coude-à-coude.

L'objectif reste de convaincre les Américains qui restent indécis à 42 jours du scrutin. Les sondages montraient auparavant un resserrement de la course, Hillary Clinton recueillant 43 % des intentions de vote contre 41,5 % pour Donald Trump, selon la moyenne calculée par le site Real Clear Politics.

Le milliardaire populiste a fait passer son message durant les 90 minutes d'échanges, reléguant sa rivale au rang des professionnels de la politique, au bilan lamentable. « Hillary a de l'expérience, mais de la mauvaise expérience », a-t-il dit, reprenant la posture de « l'outsider ».

« Notre pays souffre à cause de mauvaises décisions prises par des gens comme Mme Clinton », a-t-il asséné.

Vieilles affaires

Sa directrice de campagne, Kellyanne Conway, s'est félicitée qu'il ait été « poli et un gentleman à son égard, notamment à la fin lorsqu'il a retenu le plus grand des coups possibles ».

Donald Trump a en effet annoncé sur scène qu'il avait finalement décidé de ne pas dire « quelque chose d'extrêmement dur contre Hillary et sa famille », une allusion aux frasques sexuelles de Bill Clinton.

Mais le milliardaire, ancien organisateur de Miss Univers, est tombé dans un piège tendu par la candidate. Durant le débat, elle a saisi une ouverture pour rappeler que Donald Trump avait critiqué la gagnante du concours 1996, parce qu'elle avait pris du poids. Il l'avait selon elle traitée de « Miss Piggy » (« Miss Peggy la cochonne »).

« Elle s'appelle Alicia Machado, elle est devenue citoyenne américaine et vous pouvez être sûr qu'elle votera en novembre », a dit Hillary Clinton. Parallèlement, son équipe publiait sur les réseaux sociaux une vidéo témoignage de Mme Machado.

Au lieu d'ignorer la polémique, Donald Trump est revenu à la charge. « Elle était impossible », a-t-il dit sur Fox News mardi. « Elle avait beaucoup grossi, c'était un vrai problème ».

Hillary Clinton, bientôt 69 ans, était ainsi venue préparée, glissant des saillies visiblement répétées, puisant dans le passé de « Donald » et profitant d'une partie internationale pour démontrer sa connaissance des dossiers.

L'objectif de l'ancienne secrétaire d'État, jugée indigne de confiance par quelque 60 % des Américains, était aussi d'adoucir son image ; elle est donc restée impassible, droite, souriante. Celle qui s'est souvent vu reprocher de crier lors de ses rassemblements de campagne a refusé tout pugilat, laissant Donald Trump l'interrompre.

Le républicain est apparu relativement discipliné, mais plus véhément qu'elle : agrippant son pupitre, soupirant, buvant de l'eau et agitant les mains. Il a contesté le modérateur, Lester Holt.

Focalisé sur la conquête des électeurs de la classe moyenne, le populiste a emprunté aux registres de la droite et de la gauche pour dénoncer les effets nocifs de la mondialisation.

« Nous devons empêcher ces pays de voler nos entreprises et nos emplois », a-t-il dit, ciblant le Mexique et la Chine.

Sa dénonciation du traité de libre-échange nord-américain, signé par Bill Clinton en 1993, a placé Hillary Clinton sur la défensive, ainsi que les attaques sur le scandale de sa messagerie.

Mais il s'est retrouvé dans l'embarras plusieurs fois, notamment sur son refus de publier sa feuille d'impôts. Encore provoqué par Hillary Clinton, il a lâché que les années où il n'a pas payé d'impôts prouvaient son intelligence. Il a oublié de rappeler aux téléspectateurs la phrase de la démocrate sur les supporteurs « pitoyables » du républicain.

Et quand il lui a reproché de s'être récemment cloîtrée chez elle, elle a répliqué : « Oui, je me suis préparée pour ce débat et je me suis aussi préparée pour la présidence, et je pense que c'est une bonne chose ».