Échanges musclés, ambiance électrique: le premier débat entre Hillary Clinton et Donald Trump a donné lieu à un affrontement tendu, parfois confus, à six semaines d'une élection présidentielle américaine à l'issue totalement indécise.

Pendant 90 minutes, les deux rivaux se sont affrontés sur leur vision de l'avenir, l'économie, la sécurité, la politique étrangère et d'autres sujets comme la feuille d'impôt de Donald Trump ou les courriels d'Hillary Clinton.

«Donald, vous vivez dans un monde à part», l'a apostrophé l'ancienne Première dame, ancienne sénatrice et ancienne secrétaire d'État, qui aspire à devenir la première femme présidente des États unis. Elle a régulièrement évoqué «les faits» face à un rival selon elle prêt à dire «des choses folles» pour être élu.

Le républicain a commencé plus posé qu'à l'habitude, mais très vite la discussion s'est tendue. «Je ferai revenir nos emplois, vous ne pouvez pas le faire», a lancé Donald Trump, interrompant ensuite régulièrement sa rivale, qui a gardé son calme, très souriante.

Des millions d'Américains étaient rivés à leur écran de télévision ou d'ordinateur, pour ce débat entre une démocrate hyper-expérimentée qui peine à susciter l'enthousiasme, et son adversaire républicain, néophyte au caractère imprévisible.

Les premiers commentaires et de premiers sondages sur le vif, certes imprécis, donnaient l'avantage à Hillary Clinton. La chaîne CNN a interrogé 521 électeurs potentiels qui ont trouvé à 62% contre 27 qu'Hillary Clinton avait gagné.

«Je pense que cela s'est très bien passé pour moi», a cependant déclaré après le débat Donald Trump à l'AFP.

Seuls sur scène, debout derrière un pupitre, face au modérateur, le journaliste Lester Holt, Hillary Clinton a évoqué son programme, en avançant des propositions concrètes, soulignant les progrès accomplis ces huit dernières années.

Donald Trump, très critique de l'administration Obama, l'a décrite comme une «politicienne typique: des discours, pas d'action». «Vous avez fait ça pendant 30 ans, pourquoi commencez-vous à penser à ces solutions maintenant"?

Mais il a souvent été sur la défensive, Hillary Clinton plus précise, connaissant beaucoup mieux ses dossiers.

Sur la fin du débat, les attaques se sont faites plus personnelles. «Elle n'a pas l'énergie (...) Pour être président de ce pays, vous avez besoin d'une énergie phénoménale», a déclaré Donald Trump.

«Quand il aura voyagé dans 112 pays et négocié un accord de paix, un cessez-le-feu, la libération de dissidents (...) ou même qu'il aura passé 11 heures à témoigner devant une commission au Congrès, il pourra me parler d'énergie», a répondu Hillary Clinton.

«Il cache quelque chose»

Le magnat de l'immobilier l'avait auparavant mise en cause sur l'utilisation de sa messagerie privée lorsqu'elle dirigeait la diplomatie américaine. «C'était plus qu'une erreur (...) ce pays pense que c'est une honte».

En retour, Mme Clinton a insisté sur le refus obstiné du républicain de publier sa déclaration d'impôts.

«Il cache quelque chose (...) Peut-être qu'il n'est pas aussi riche qu'il le dit», a lancé la candidate démocrate, rappelant que tous les candidats à la Maison-Blanche depuis 40 ans avaient diffusé leurs déclarations d'impôts.

L'ancienne chef de la diplomatie a aussi accusé son rival d'avoir bâti sa carrière politique sur un «mensonge raciste» mettant en doute la nationalité américaine du président Barack Obama. Pressé de questions par le modérateur sur son récent revirement sur la question, M. Trump n'a rien trouvé d'autre à répondre que «je ne dis rien».

La salle n'avait en principe pas le droit d'applaudir, durant ce débat organisé à l'université Hofstra près de New York.

Mais elle n'a pu s'en empêcher, lorsque Mme Clinton a déclaré : «Oui, je me suis préparée pour ce débat et je me suis aussi préparée pour la présidence et je pense que c'est une bonne chance».

Clinton domine

Mme Clinton, qui a déjà participé à plus de 30 débats politiques depuis 2000, a cherché à imposer une stature plus présidentielle dans la partie du débat consacrée à la politique étrangère et à la sécurité, cherchant notamment à rassurer les alliés des États-Unis.

«Vous n'avez pas tant vu une performance parfaite d'Hillary Clinton qu'une performance aussi imparfaite que possible de son opposant», a commenté après le débat John Hudak, de la Brookings Institution à l'AFP. «Clinton a dominé du début à la fin».

«Aucun des candidats n'a fait de grosse erreur, Trump a raté plus d'opportunités que Clinton. Elle a semblé présidentielle, ce n'est pas une surprise», a déclaré pour sa part Timothy Hagle, professeur de sciences politiques à l'université d'Iowa.

En Aise, les marchés se reprenaient légèrement mardi matin, ce qui était interprété comme le signe d'un débat favorable à Hillary Clinton.

PHOTO AP

Le modérateur Lester Holt a serré la main aux deux candidats avant le débat.