Deux jours après la réélection de Barack Obama, les résultats en Floride n'étaient toujours pas connus jeudi en raison du faible écart entre les deux candidats et de multiples dysfonctionnements dans l'organisation du scrutin orchestrés, selon des experts, par les républicains.

«En Floride, on n'a toujours pas résolu les problèmes de l'élection. La bonne nouvelle c'est que cette fois, la présidentielle s'est jouée sans elle», a ironisé mercredi l'humoriste politique Jon Stewart, se faisant l'écho de nombreuses plaisanteries sur cet État du Sud-Est devenu la risée du pays.

De fait, et contrairement à la présidentielle de 2000, les résultats du scrutin en Floride importent peu car le président sortant a largement emporté l'élection face à son rival républicain Mitt Romney.

En 2000, il avait fallu un mois de décompte des voix en Floride et une décision de justice pour savoir qui, de George W. Bush ou d'Al Gore, l'avait emporté.

Avec ses 29 grands électeurs, la Floride est un État-clé très courtisé par les deux partis car les électeurs d'origines ethniques et socio-économiques très diverses y ont un vote versatile.

Jeudi à la mi-journée, Barack Obama y remportait l'élection avec moins de 56 000 voix d'avance sur Mitt Romney. Crédité de 49,9% des suffrages, il était talonné par son adversaire républicain qui remportait 49,24%, selon les résultats officiels provisoires.

Cette page ne faisait néanmoins pas état du nombre de bulletins de vote restant à dépouiller. Le bureau des élections n'excluait pas que l'attente puisse se poursuivre jusqu'à la fin de la semaine.

Seule information disponible: six à neuf comtés seraient encore en train de compter leurs voix, sur les 67 répertoriés dans cet Etat de 11,9 millions d'électeurs où la participation cette année a atteint environ 70%.

«Si nous avons enregistré du retard, ce n'est pas à cause d'irrégularités dans le processus mais en raison d'une participation très élevée», selon la responsable de l'organisation des élections en Floride, Christine White.

Mais de l'avis des experts consultés par l'AFP, la raison de ce chaos est ailleurs: le désordre aurait été orchestré par les responsables républicains locaux.

«Il est facile de prévoir combien d'électeurs vont voter car en Floride, la participation à la présidentielle se situe toujours entre 70 et 75%», explique Lance deHaven-Smith, professeur de droit public à l'université de Floride.

«La vérité est que les responsables républicains de Floride sont impliqués dans une démarche de sabotage de l'organisation des élections en cherchant notamment à diminuer la participation».

Il y a un an, le gouverneur républicain de l'État, Rick Scott, a fait adopter une loi réduisant le nombre de jours ouverts au vote anticipé de 14 à huit. Cette procédure est traditionnellement considérée comme plutôt favorable aux démocrates.

Elle prenait fin en Floride samedi.

Lors du week-end précédent le scrutin du 6 novembre, une foule d'électeurs désireux de voter par anticipation se sont donc précipités aux urnes, et ont dû patienter parfois plus de cinq heures quand ils n'ont pas été éconduits.

Dimanche, les démocrates de l'Etat ont déposé une plainte fédérale contre l'organisation du scrutin.

«Les fonctionnaires républicains cherchent volontairement à réduire le nombre de bureaux de vote et la période pour voter par anticipation afin de créer des goulets d'étranglement dans les zones urbaines, traditionnellement démocrates», explique Lance deHaven-Smith. «De cette manière, ils réduisent le vote démocrate et manipulent les résultats».

Pour Charles Zelden, professeur de sciences politiques à l'université de Fort Lauderhale, «beaucoup d'États connaissent les mêmes problèmes que la Floride (...) mais là, nous sommes dans un grand Etat qui vote à égalité pour les deux camps». La loi votée sur le raccourcissement du vote anticipé a, selon lui, «compliqué les choses».