L'endroit a autant de charme qu'une cafétéria d'hôpital, et les plats qu'on y sert sont tout sauf nutritifs et équilibrés. Valois était pourtant l'un des restaurants fréquentés avec le plus d'assiduité par Barack Obama quand il habitait à Chicago.

Pour prendre le pouls de ses partisans, rien de tel que de passer quelques heures dans l'établissement, où on fait d'ailleurs la promotion des six plats préférés du politicien. Une affiche posée devant la porte d'entrée précise qu'au sommet de ce palmarès trône le steak servi avec deux oeufs, des pommes de terre rôties et deux tranches de pain grillé, qu'on accompagne ici systématiquement de gelée au raisin.

Thaddeus Ray, 28 ans, qui étudie en Floride, termine d'ailleurs son morceau de pain lorsqu'on lui demande si Barack Obama va triompher. «On va se croiser les doigts, car ça va être très serré», affirme-t-il.

Il prédit néanmoins une victoire du président. Selon lui, au moment de voter, les Américains vont se souvenir des huit années passées sous la présidence de George W. Bush. Et ils vont réaliser la chance qu'ils ont d'avoir Barack Obama à la Maison-Blanche.

«J'ai vu sur Facebook ce matin une photo d'Obama qui réconfortait une victime de l'ouragan Sandy. À côté s'affichait une photo de Bush qui, lui, regardait les dommages faits par l'ouragan Katrina... par la fenêtre de son avion», lance-t-il en pouffant de rire. La gestion de cette catastrophe par le prédécesseur d'Obama, en 2005, avait été jugée lamentable.

Quelques tables plus loin, un couple de septuagénaires tient essentiellement le même discours. «Je pense qu'Obama va gagner. Parce qu'il est le meilleur des candidats et qu'il sera le meilleur pour notre pays», dit Elizabeth Holder, qui termine pour sa part deux boulettes de boeuf haché noyées dans une sauce brune.

Mme Holder agite son poignet pour nous montrer son bracelet. Le bijou ne laisse pas de doute sur ses allégeances. On y lit: Obama 2012. Elle n'a d'ailleurs que de la rancoeur envers Mitt Romney à l'issue d'une campagne où tous les coups étaient permis. «Je pense que c'est un menteur. Tout ce qu'il fait, c'est attaquer. Il ne dit pas ce qu'il fera s'il est élu ni comment il le fera!»

«Leur tactique, c'est de faire peur, renchérit son mari, Lionel Holder. Mais je pense que les Américains sont trop brillants pour tomber dans le panneau.»

Les discours évasifs du candidat républicain inquiètent les partisans de Barack Obama. Et ses commentaires méprisants au sujet des quelque 47% d'Américains qui ne paient pas d'impôts ont frappé leur imagination. «Si c'est ce qu'il pense, je ne veux pas qu'il me représente et je ne veux pas qu'il représente mon pays», lance Glenn Foster, un colosse de 54 ans qui porte une casquette terriblement usée de l'équipe de football de l'Université de l'Illinois, pour laquelle joue son fils.

Ce professeur croit lui aussi que le président triomphera de justesse. Grâce à son bilan, estime-t-il. Il cite notamment la réforme du système de santé et le sauvetage de l'industrie automobile. «Il a hérité d'un gâchis. Étant donné qu'il n'a eu que quatre ans à la Maison-Blanche, il a fait du bon travail.»

ILLINOIS

Grands électeurs: 20

Population: 12 830 632 habitants

Taux de chômage: 8,8 % (en septembre 2012)

Élection de 2008:

John McCain 37 %

Barack Obama 62 %

Groupes ethniques:

Blancs 63,7 %

Latino-Américains 15,8 %

Noirs 14,3 %

Ville la plus importante: Chicago, 2 695 598 habitants