Barack Obama a repris jeudi sa campagne présidentielle en exaltant des États unis rassemblés au-delà des divisions politiques, à l'image selon lui de la réaction des autorités face à l'ouragan Sandy, dont le bilan s'est alourdi à au moins 72 morts dans le pays.

«Pendant une tempête, il n'y a pas de démocrates ou de républicains. Ce sont tous des compatriotes américains», a assuré M. Obama sur le tarmac de l'aéroport de Green Bay (Wisconsin), première étape d'une tournée dans trois États-clés à cinq jours de l'élection du 6 novembre.

M. Obama, qui avait revêtu un blouson de cuir d'aviateur frappé du sceau présidentiel, a toutefois rapidement pivoté sur une critique de son adversaire républicain Mitt Romney, ancien gouverneur du Massachusetts, qui a fait du «changement» l'un des mots-clés de ses discours ces dernières semaines.

«Nous savons à quoi le changement ressemble, et ce n'est pas ce que propose le gouverneur», a ironisé M. Obama, en évoquant les «talents de bateleur» démontrés par son adversaire pour «dissimuler exactement les mêmes politiques qui ont échoué pour notre pays», allusion aux années de la présidence de George W. Bush.

Le président a toutefois eu recours à des piques moins acérées contre M. Romney qu'avant Sandy, alors qu'il s'agit, dans les cinq derniers jours de la campagne, de convaincre indécis et centristes.

M. Romney poursuit lui aussi la même stratégie, avec une profession de foi que n'aurait pas reniée M. Obama lors de sa campagne «post-partisane» de 2008.

«Pour faire de l'Amérique un pays fort à nouveau, nous devons mettre fin aux divisions, aux attaques, à la diabolisation, il faut collaborer avec l'autre parti, rassembler les bons démocrates et les bons républicains pour enfin travailler pour le peuple et mettre la politique de côté», a ainsi lancé le candidat républicain dans une usine de Virginie, État où il passait toute la journée de jeudi.

Les sondages restent serrés, mais semblent légèrement favoriser le président sortant grâce à son avance dans les États les plus décisifs sur la carte électorale. Après le Wisconsin, il était attendu au Colorado et au Nevada, les deux territoires-clés de l'Ouest.

La vie reprenait très progressivement dans les régions touchées par Sandy lundi soir, notamment à New York, mais des millions de personnes restaient jeudi privées d'électricité ou coupées du reste du monde, bloquées par les inondations ou la neige.

Réseaux téléphonique et ferroviaire toujours perturbés

Au moins 72 personnes ont perdu la vie sur la côte est des États-Unis, portant à 144 le total provisoire de celles tuées par l'ouragan en Amérique du Nord et dans les Caraïbes. Trente-sept morts ont été recensés rien qu'à New York, selon son maire.

Avec le redémarrage par étapes des trois aéroports, du trafic des autobus et de certains commerces, la ville devrait afficher un visage un peu plus «normal» jeudi. Le réseau de bus de la ville fonctionne également de nouveau et le métro reprenait de façon limitée, car une partie du réseau est inondée.

Par ailleurs, le célèbre marathon de New York aura bien lieu dimanche comme prévu. Mais plus de 500 000 foyers restaient sans électricité dans la ville. Les écoles étaient toujours fermées mercredi ainsi que la quasi-totalité des tunnels. Trois hôpitaux ont été évacués.

Plus d'un million de litres de gazole se sont par ailleurs déversés au large de New York, et les efforts pour nettoyer les eaux se poursuivaient jeudi, selon la chaîne de télévision CNN. Au final, il faudra des jours pour revenir totalement à la normale, ont averti les autorités.

Plus de 6 millions de foyers et d'entreprises, pour la plupart dans les États de New York et du New Jersey, restaient privés d'électricité, des coupures qui pourraient durer encore plusieurs jours. Les réseaux téléphonique et ferroviaire continuaient d'être perturbés et des milliers de vols étaient encore annulés.

Au total, quelque 10 000 soldats de la Garde nationale sont mobilisés à travers les États affectés par le terrible ouragan, dont les assureurs estiment, selon une évaluation préliminaire, qu'il leur coûtera de 10 à 20 milliards de dollars.

La Maison-Blanche a souligné que M. Obama ne perdait pas de vue la catastrophe naturelle. Avant de partir en campagne, il a participé à une conférence à ce sujet avec son équipe, et il «restera en contact régulier avec elle» toute la journée, a promis son porte-parole Jay Carney.

Signe d'une reprise de la campagne, l'état-major de M. Obama à Chicago a crié victoire et ironisé mercredi sur le «désespoir» de M. Romney, qui ne parvient pas selon les derniers sondages à refaire son retard dans l'Ohio, l'État-clé par excellence. L'équipe de M. Romney a répliqué qu'elle avait le bénéfice de l'«intensité» et que cet élan lui permettrait de gagner le 6 novembre.