Une dizaine de millions d'électeurs hispaniques pourraient être dissuadés de voter le 6 novembre pour élire le président des États-Unis, à cause de lois qui rendent plus difficile l'accès aux urnes dans une vingtaine d'États, dénonce un rapport publié lundi.

Dans la mesure où les Américains d'origine hispanique, la plus importante minorité, représentent 10% des personnes pouvant voter aux États-Unis, ces mesures pourraient être décisives dans les États clés comme la Floride, où ils sont nombreux.

Selon le groupe de défense des droits civiques Advancement Project, 23 États ont récemment mis en place des obstacles variés qui pourraient décourager des citoyens hispaniques d'aller voter, notamment l'obligation de présenter une carte d'identité avec photo et de fournir des preuves de citoyenneté.

«On assiste au plus grand affront au droit de vote en plus d'un siècle», a déploré Penda Hair, cofondatrice de l'Advancement Project, devant la presse.

D'après l'organisation, «ces obstacles pourraient dissuader ou empêcher plus de 10 millions de citoyens latinos de s'inscrire et de voter» en 2012, soit la moitié des quelque 21 millions d'Hispaniques ayant le droit de vote.

Les sondages montrent par ailleurs que les Hispaniques soutiennent plus de deux fois plus Barack Obama que son rival Mitt Romney. Des critiques se sont élevées suggérant que l'entrée en vigueur de restrictions dans certains États avaient pour but d'éroder le vote démocrate, via l'exclusion de minorités.

«Comme les Afro-Américains, les Hispaniques ont connu un accès (aux listes d'inscription) de plus en plus faible et, par là, de plus faibles niveaux d'inscription et de participation électorale que les Blancs non-hispaniques», dénonce le rapport.

Selon le recensement de 2010, près de 30% des électeurs latinos n'étaient pas inscrits, contre 18% pour les Blancs non-hispaniques, et plus de la moitié a dit ne pas être allé voter, contre 38% des Blancs.

Certaines de ces lois restrictives sont toutefois mises à mal par la justice: des juges fédéraux ont invalidé fin août une de ces lois au Texas et un tribunal de Washington finissait d'examiner lundi un recours de la Caroline du Sud qui réclame l'application de sa loi, retoquée par l'administration Obama.