La convention républicaine de Tampa s'ingénie depuis trois jours à présenter son champion Mitt Romney comme un père aimant, un mari exemplaire et un entrepreneur brillant, mais reste fort discrète sur sa foi mormone, une première pour un candidat à la Maison Blanche.

L'Église mormone, - officiellement L'Église de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours (LDS) - est née aux États-Unis et représente aujourd'hui 2% de la population américaine. Elle est connue pour ses missionnaires, sa pratique - rejetée en 1890 - de la polygamie et son expertise en généalogie.

Avec Mitt Romney, c'est aussi la première fois que l'un de ses fidèles va recevoir l'investiture d'un parti pour briguer la Maison Blanche.

Mais M. Romney, bien que très impliqué dans la vie de l'Église, est toujours resté remarquablement discret sur le sujet.

Charles Franklin, professeur de sciences politiques à l'Université du Wisconsin, estime que l'une des raisons de sa discrétion est la méfiance bien enracinée des Américains envers les mormons, bien que ces derniers se réclament du christianisme, la foi majoritaire aux États-Unis.

«Il y a évidemment un risque (de rejet) de la part de nombreux chrétiens conservateurs au sein du parti (républicain), qui ont une profonde méfiance en envers le mormon», explique M. Franklin. «C'est la raison stratégique et tactique fondamentale qui le pousse à ne pas beaucoup aborder le sujet».

Selon un sondage Bloomberg News publié en mars, plus d'un Américain sur trois a une opinion défavorable sur les mormons.

Ces dernières semaines, cependant, M. Romney s'est ouvert quelque peu sur le sujet, invitant même la presse, début août, à assister à un service d'une Église mormone avec sa famille, alors que son équipe de campagne répète à l'envi qu'il est un défenseur de la liberté de culte.

Profitera-t-il de son discours-clé à Tampa jeudi soir, au cours duquel il doit accepter l'investiture de son parti, pour revendiquer haut et fort sa foi mormone ? M. Franklin estime que c'est très improbable.

«Compte tenu du silence de sa campagne sur le sujet, pas seulement cette année, mais aussi il y a quatre ans (quand M. Romney avait échoué à décrocher l'investiture de son parti), je serais très surpris qu'il en parle ouvertement», dit-il.

Dans l'entourage du candidat jeudi, on ne donnait en tout cas aucune précision à ce sujet. Mitt Romney racontera «qui il est», a simplement indiqué son principal conseiller, Eric Fehrnstrom.