L'équipe de Barack Obama a accusé vendredi Mitt Romney de lancer un appel du pied aux partisans de théories du complot contre le président américain sortant, après que le candidat républicain eut plaisanté en public sur son propre acte de naissance.

Même si M. Romney a ensuite assuré qu'il ne s'agissait pas d'une attaque contre M. Obama, ses déclarations ont fait resurgir une polémique aux relents racistes entretenue de longue date par certains ultraconservateurs sur la légitimité du premier président noir des États-Unis à occuper son poste.

M. Romney, qui s'exprimait devant quelque 10.000 personnes rassemblées à Commerce dans le Michigan, a rappelé que lui et sa femme étaient nés dans l'État. Et d'ajouter: «Personne n'a jamais demandé à voir mon acte de naissance. Ils savent que c'est ici que nous sommes nés et que nous avons grandi».

Pour les démocrates, ces déclarations constituent un clin d'oeil à ceux qui contestent que M. Obama soit bien né sur le sol des États-Unis, et ait donc le droit constitutionnel d'être président. Ce mouvement avait émergé dès 2007, quand le sénateur de l'Illinois était candidat à la Maison-Blanche.

Pour tenter de les faire taire, M. Obama avait alors fait publier un extrait d'acte de naissance, montrant qu'il était né le 4 août 1961 à Honolulu, capitale de l'État américain d'Hawaii (Pacifique).

En avril 2011, alors que le milliardaire Donald Trump avait rejoint le mouvement de ces incrédules et donné de la voix dans les médias, la Maison-Blanche avait même diffusé l'acte de naissance complet de M. Obama, et ce dernier avait dénoncé une perte de temps sur des «bêtises».

 

 

«Born in the USA»

À l'antenne de CBS vendredi après-midi, M. Romney a assuré qu'il n'avait pas voulu attaquer M. Obama, simplement faire un trait d'esprit. «Il faut un peu d'humour dans la campagne», a-t-il dit. À propos de son adversaire, il a aussi répété que «le lieu de sa naissance ne fait pas débat. Il est né aux États-Unis».

Depuis qu'il a émergé en vainqueur des primaires de son parti, M. Romney a cherché à concentrer ses attaques sur M. Obama en dénonçant la supposée incompétence du président en matière économique et en vantant sa propre expérience d'entrepreneur, comme vendredi dans une tribune au Wall Street Journal.

Mais la résurgence de la controverse sur l'acte de naissance, voulue ou non, a donné un angle d'attaque aux démocrates, comme cela avait déjà été le cas en début de semaine avec les déclarations d'un élu républicain affirmant que les femmes violées tombaient rarement enceintes.

Vendredi, l'équipe de campagne de M. Obama n'a mis que quelques minutes à dénoncer les propos du candidat républicain.

«Depuis le début de sa campagne, le gouverneur Romney a préféré soutenir les voix les plus dissonantes de son parti plutôt que de leur résister», a assuré le porte-parole de la campagne démocrate, Ben LaBolt. Selon lui, les déclarations de M. Romney «devraient faire réfléchir tous les électeurs rationnels».

L'équipe Obama a aussi rappelé que M. Romney s'était récemment affiché aux côtés de Donald Trump et d'autres figures conservatrices continuant à douter de l'«américanité» du président.

Sur un ton plus léger, le compte officiel de campagne de M. Obama sur Twitter a ensuite diffusé un message renvoyant sur une vidéo de la chanson «Born in the USA» (né aux États-Unis) de Bruce Springsteen.

L'équipe Obama a aussi lancé un nouvel appel aux dons, et en particulier vanté un des articles en vente sur son site internet: une tasse à café «Born in the USA» ornée d'une reproduction de l'acte de naissance du président