Ce n'est pas la première fois que Barack Obama traverse une période difficile en tant que candidat à la présidence. Il y a quatre ans, contre Hillary Clinton ou John McCain, le sénateur de l'Illinois a connu des passages à vide qui ont inquiété ses partisans. Aux moments cruciaux, cependant, il a trouvé en lui la force pour reprendre le dessus.

Il est donc possible que les sept premiers jours de juin finissent par être rangés parmi ces mauvaises passes au cours desquelles Barack Obama semble perdre momentanément ses moyens. Mais cette même période pourrait aussi servir un jour à illustrer la dérive d'un président sortant qui s'achemine vers une défaite électorale.

Première date à retenir: le vendredi 1er juin, jour de la publication de statistiques sur l'emploi particulièrement décevantes. Pour la première fois en un an, le taux de chômage des États-Unis est remonté en mai, pour s'établir à 8,2%, et les embauches ont progressé bien en-deçà des attentes.

«Nous ne sommes pas encore tirés d'affaire», a commenté Barack Obama, dont la gestion de l'économie vient d'être «durement sanctionnée», selon Mitt Romney, son adversaire républicain.

Tout le week-end, les commentateurs politiques américains répéteront le même mantra: les mauvais chiffres de l'emploi changent la donne dans la course à la Maison-Blanche. À cinq mois de l'élection, le président démocrate est nettement sur la défensive au sujet de l'économie, principal cheval de bataille de son rival.

La semaine suivante a aussi mal débuté pour Barack Obama que la précédente s'était terminée. Le soir du 4 juin, le président a utilisé son compte Twitter pour exprimer son appui au maire démocrate de Milwaukee, Tom Barrett, qui subira le lendemain une défaite cinglante contre le gouverneur républicain du Wisconsin, Scott Walker, lors d'un scrutin de rappel au retentissement national.

Le président n'est pas le plus grand perdant de la bataille du Wisconsin, cette distinction revenant aux syndicats du secteur public et à leurs alliés démocrates. Mais son gazouillis de dernière heure a dégagé une impression de faiblesse contre des républicains plus motivés et mieux financés.

Le jour du scrutin au Wisconsin, Bill Clinton ajoutera à la confusion des démocrates en contredisant Barack Obama sur la question des allégements fiscaux de l'ère Bush, qui viendront à échéance le 31 décembre 2012. Selon l'ancien président, ces baisses d'impôts devraient être reconduites de façon temporaire, histoire de ne pas nuire à la reprise économique.

«C'est probablement la meilleure chose à faire en ce moment», a affirmé Bill Clinton sur CNBC - une opinion que les républicains ont tôt fait de retourner contre l'occupant de la Maison-Blanche.

Deux jours plus tard, l'ancien président s'excusera d'avoir contredit Barack Obama, qui s'oppose à la reconduction des allégements fiscaux de l'ère Bush pour tous les foyers gagnant plus de 250 000$ par année.

Mais ce n'était pas la première fois que Bill Clinton brouillait le message de Barack Obama. À peine quelques jours plus tôt, il avait refusé d'endosser sur CNN les attaques du 44e président sur le bilan de Mitt Romney à la tête du fonds d'investissement Bain Capital. Il était même allé jusqu'à qualifier de «brillante» la carrière de ce dernier dans le privé.

L'ancien président devenait ainsi le démocrate le plus influent à mettre en doute cet aspect de la stratégie électorale, un fait que Mitt Romney et les républicains ont pris un malin plaisir à rappeler.

Le 7 juin, Barack Obama et le Parti démocrate ont encaissé un autre coup dur: pour la première fois, ils ont récolté moins d'argent en un mois que Mitt Romney et le Parti républicain, soit 60 millions de dollars contre 76,8 millions. Il s'agit d'un signe de plus que le président ne jouira pas en 2012 de l'avantage financier qui a contribué en 2008 à sa victoire sur John McCain.

C'est au lendemain de cette mauvaise nouvelle que Barack Obama a tenté de reprendre la main en tenant une conférence de presse à la Maison-Blanche. Son objectif: attirer l'attention de l'électorat sur le refus des républicains du Congrès d'appuyer son plan sur l'emploi présenté il y a plusieurs mois.

Mais il a lui-même brouillé son message en affirmant que «le secteur privé se porte bien» (comparativement au secteur public, qui perd des emplois chaque mois). Ces six mots, cités hors contexte, permettront aux républicains de le dépeindre comme un président «déconnecté».

Barack Obama clarifiera plus tard ses propos en reconnaissant que l'économie américaine ne se porte pas bien. Mais le mal est fait, et les partisans du président s'inquiètent de nouveau.