Lors des primaires républicaines, Mitt Romney n'a pas eu à se justifier sur son appartenance à l'église mormone. Désormais assuré d'affronter Barack Obama à la présidentielle, le candidat va devoir affronter le scepticisme de certains Américains quant à sa foi.

L'ancien gouverneur du Massachusetts a déjà relevé un premier défi de taille : faire en sorte que sa foi n'entrave pas ses chances de remporter l'investiture de son parti. C'est la première fois qu'un mormon remporte l'investiture d'un « grand » parti politique américain.

Non moins notable, M. Romney est devenu le champion d'un parti fortement influencé par le courant chrétien évangélique, dont certains membres n'hésitent pas à qualifier l'église mormone de « secte ».

Plus généralement, les Américains se montrent plus sceptiques qu'hostiles à l'égard de cette église, fondée en 1820 par Joseph Smith qui affirmait avoir vu Dieu et Jésus-Christ lui confier la tâche de restaurer l'église des origines.

Un sondage réalisé par Bloomberg News révélait en mars qu'un tiers des Américains avaient une opinion « défavorable » du mormonisme.

Connue pour avoir défendu, par le passé, la polygamie, interdisant la consommation d'alcool, de tabac, de thé et de café à ses membres, rejetant le droit à l'avortement, le mariage homosexuel, prônant la chasteté avant le mariage, l'église mormone est résolument conservatrice. Elle revendique six millions de membres aux États-Unis.

Et c'est bien sur les valeurs conservatrices que pourraient se retrouver Mitt Romney et l'électorat chrétien conservateur, selon Brandon Rottinghaus de l'Université de Houston au Texas.

« Une petite frange de l'électorat évangélique n'accepte pas la foi mormone comme doctrine chrétienne, mais la majorité est tolérante », tranche M. Rottinghaus lors d'un entretien accordé à l'AFP.

L'Église de Jésus-Christ des saints des derniers jours -dénomination officielle de l'église mormone- n'a pour l'heure pipé mot sur la campagne et il est fort probable qu'il en soit ainsi jusqu'au 6 novembre, jour de la présidentielle.

« La neutralité politique de l'église est solidement établie. Nous ne souhaitons pas nous exprimer sur une élection », a expliqué Eric Hawkins, un porte-parole de l'église, juste après que Mitt Romney eut remporté la primaire au Texas mardi, réunissant ainsi le nombre de délégués suffisants pour être assuré de décrocher l'investiture de son parti.

Aaron Sherinian, un mormon de Washington, voit pourtant là une chance unique de « parler de notre identité, de ce en quoi nous croyons, et d'expliquer pourquoi servir notre pays est réellement au coeur de tout ce que fait notre communauté ».

Ceci dit, « cette élection va se décider sur ce que les gens voient dans leur portefeuille, plus que sur ce qui se dit dans les sermons », assure-t-il.

Avec un taux de chômage qui reste encore à 8,1 % de la population active, trois points de plus qu'avant la crise de 2008, l'économie devrait effectivement dominer la campagne.

Barack Obama mène déjà l'offensive sur ce terrain-là. Mercredi soir, son équipe de campagne a ainsi diffusé un document en forme de réquisitoire sur le bilan économique « désastreux » de Mitt Romney pendant son mandat à la tête du Massachusetts, entre 2003 et 2007.

« Dans l'isoloir, la religion ne joue aucun rôle », résume Aaron Sherinian.