Les activistes qui cherchent des fosses communes dans le nord-est de la Syrie - une région jusqu'à tout récemment contrôlée par Daech (le groupe armé État islamique) - ont besoin d'aide pour préserver les preuves, identifier les restes humains et éclaircir les horreurs indicibles perpétrées par les militants pendant leur règne, a prévenu mardi Human Rights Watch.

Selon l'organisation new-yorkaise de défense des droits de la personne, des milliers de corps - qu'il s'agisse de civils exécutés brutalement par les islamistes, de résidants tués lors des frappes aériennes de la coalition américaines et de combattants de Daech - se trouvent toujours dans des fosses communes éparpillées autour de la ville de Raqqa.

Selon des vestiges de vêtements, certains des corps déjà trouvés seraient des militants de Daech.

L'appel est contenu dans un nouveau rapport publié mardi par HRW.

Les membres locaux du Conseil civil de Raqqa «doivent composer avec des défis logistiques pour colliger et organiser l'information concernant les corps découverts» et la fournir aux familles à la recherche de parents disparus ou décédés, a expliqué l'organisation.

Raqqa était la capitale de facto des extrémistes et le siège du califat autoproclamé des islamistes. Le califat et le territoire contigu de Daech se sont effondrés en octobre de l'année dernière.

Le groupe extrémiste, qui a attiré des combattants du monde entier, a régné sur la région avec un mélange de terreur, de peur et de brutalité. Il a perpétré des atrocités et des massacres. Plusieurs victimes ont été décapitées, brûlées vives ou noyées. D'autres ont été tuées avec des explosifs.

Des femmes et des hommes qui vivaient sous le joug de Daech et qui étaient accusés d'adultère ont été lapidés à mort. Des hommes gais ont été jetés du haut d'immeubles, leurs corps écrasés étant ensuite pulvérisés avec des pierres.

Human Rights Watch a souligné que l'identification des personnes disparues et la préservation des preuves pour d'éventuelles poursuites sont essentielles pour l'avenir de la Syrie.

«La ville de Raqqa a au moins neuf fosses communes, chacune contenant des douzaines, voire des centaines, de corps, ce qui fait des exhumations une tâche monumentale, a déclaré Priyanka Motaparthy, directrice des urgences par intérim de HRW. Sans l'aide technique appropriée, ces exhumations ne fourniront pas aux familles les réponses qu'elles attendaient et pourraient endommager ou détruire des preuves cruciales pour de futurs efforts de justice.»

La récupération et l'analyse des restes squelettiques des fosses communes est un processus complexe qui nécessite un haut niveau d'expertise, poursuit le rapport. Lorsque des violations des droits de la personne et du droit international humanitaire sont impliquées, les exhumations sans experts médico-légaux peuvent détruire des preuves cruciales et compliquer grandement l'identification des corps, ajoute le document.

Selon le rapport de HRW, les premiers répondants de Raqqa ont complété, le 12 juin, l'exhumation d'une fosse commune contenant 553 corps. Toutes les dépouilles ont été réenterrées dans un cimetière local une fois leurs informations d'identification consignées.

L'équipe s'est ensuite attaquée à une deuxième fosse commune.

La première fosse, sur le terrain de jeu Al-Rashid de la ville, est l'un des neuf lieux de sépulture identifiés par l'équipe d'activistes, a indiqué HRW, citant un responsable de l'équipe locale. Le rapport ajoute que des chercheurs de HRW ont visité le site en mai.

Une vidéo publiée le mois dernier par le Conseil civil de Raqqa montrait des membres de l'équipe retirant des corps et les plaçant dans des sacs bleus, y compris ceux d'hommes, de femmes et d'enfants. Un membre de l'équipe lance un appel à l'aide, en disant qu'avec le temps chaud de l'été, il sera plus difficile de préserver les corps.