Les États-Unis vont associer la Turquie aux opérations militaires pour reprendre le bastion de l'organisation État islamique (EI) à Raqa en Syrie, a annoncé mardi le secrétaire américain à la Défense Jim Mattis.

L'annonce faite par le chef Pentagone tranche avec la condamnation, fin avril, de frappes aériennes de la Turquie contre une milice kurde soutenue par les États-Unis, qui avait provoqué la colère à Washington.

«Notre intention est de collaborer avec les Turcs, les uns aux côtés des autres, pour prendre Raqa», a déclaré M. Mattis lors d'une conférence de presse à Copenhague, à l'issue d'une réunion des principaux pays de la coalition contre l'EI.

«Nous allons nous occuper de cela et trouver de quelle manière nous allons le faire, mais nous y sommes tous engagés», a-t-il ajouté.

Les États-Unis n'envisagent pas que la Turquie participe à l'offensive terrestre contre une ville tenue par les jihadistes depuis plus deux ans, a précisé M. Mattis.

Washington soutient les milices kurdes YPG (Unités de protection du peuple kurde) qui sont la principale composante des Forces démocratiques syriennes (FDS), alliance de combattants kurdes et arabes contre les jihadistes.

Or la Turquie considère les YPG comme l'extension en Syrie du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), organisation séparatiste qui livre une sanglante lutte armée contre Ankara depuis 1984, et classée «terroriste» par la Turquie et ses alliés occidentaux.

Les FDS ont pris Raqa en étau et sont vraisemblablement sur le point de lancer une offensive, dans lequel le rôle des YPG reste à déterminer.

Dans la capitale danoise, M. Mattis a rencontré le sous-secrétaire adjoint au ministère de la Défense turc, Bazat Öztürk.

Les discussions entre tous les pays représentés ont porté sur les besoins futurs de cette coalition, alors que le «califat» autoproclamé s'effondre peu à peu.

«Nous avons examiné la situation de l'ennemi et discuté de la suite pour nous assurer que nous étions tous sur la même longueur d'onde. Nous allons accélérer ce combat», a commenté le secrétaire à la Défense américain.

Davantage de moyens de déminage dans les zones évacuées par l'EI sont en particulier nécessaires pour la coalition, a indiqué un responsable gouvernemental américain s'exprimant sous couvert de l'anonymat.

Des fonds et des moyens pour contribuer à la stabilisation et à la protection des zones désertées par l'EI sont également requis, selon des responsables présents à Copenhague.

Quinze pays étaient représentés à Copenhague, à l'invitation du ministre danois de la Défense, Claus Hjort Frederiksen. Le ministre français de la Défense, Jean-Yves Le Drian, était présent.

Sur le terrain, la dynamique est du côté de la coalition. Après de violents combats de rue, l'EI a perdu le contrôle de l'essentiel de son bastion de Mossoul, dans le nord de l'Irak, et l'étau se resserre contre lui à Raqa, en Syrie.

Dans ce contexte, la question du retour de milliers de combattants étrangers de l'EI dans leurs pays d'origine se pose de façon aiguë.

Selon le même responsable gouvernemental américain, Interpol a identifié 14 000 de ces combattants étrangers qui se sont rendus en Syrie et qui sont toujours en vie.

Les plus nombreux sont les Tunisiens, suivis des Saoudiens. Mais il y en a également des milliers venus d'Europe, dont une centaine du Danemark, a précisé ce même responsable.

Interpol fait partie de la coalition, dont elle est devenue le 68e membre.