La lutte contre le groupe armé État islamique (EI) en Irak et en Syrie ne pourra jamais être gagnée des airs seulement, affirme le gouvernement Trudeau alors qu'il doit défendre sa décision de retirer les six avions de chasse CF-18 tout en triplant la taille de la mission des soldats canadiens affectés à la formation des troupes locales dans le nord de l'Irak.

À la reprise des travaux parlementaires, hier, le Parti conservateur a soutenu que le gouvernement libéral abandonne carrément la lutte contre l'EI entreprise par une coalition de pays à l'automne 2014 en rapatriant au Canada les avions de chasse alors que ce groupe terroriste continue de sévir en Irak et en Syrie.

La semaine dernière, Justin Trudeau et quatre ministres de son gouvernement ont confirmé que le Canada cessera de participer aux frappes aériennes à compter du 22 février, mais qu'il maintiendra dans cette région un avion de ravitaillement en vol et deux avions de surveillance pour soutenir les missions de bombardements menées par d'autres pays de la coalition, dont les États-Unis.

Parallèlement, le gouvernement Trudeau compte faire passer le nombre de soldats canadiens affectés à la formation des troupes locales de 69 à 210 militaires. En outre, il va augmenter considérablement l'aide humanitaire pour répondre aux besoins des réfugiés qui ont quitté la Syrie ou l'Irak pour s'installer dans des camps en Jordanie ou au Liban.

Le débat sur la nouvelle contribution canadienne à la lutte contre le terrorisme doit commencer aujourd'hui à la Chambre des communes. Un vote doit aussi avoir lieu au cours des prochains jours.

Critiques

La leader intérimaire du Parti conservateur Rona Ambrose n'a pas attendu le coup d'envoi du débat sur la motion du gouvernement libéral autorisant la nouvelle mission pour critiquer la décision du premier ministre.

«Depuis un an, nos avions de chasse ont combattu l'EI parce que c'est la bonne chose à faire, et c'est encore la bonne chose à faire. Pourquoi? [ ...] La lutte contre l'EI est une lutte qui est juste. Mais le premier ministre nous retire de cette lutte», a lancé Mme Ambrose, durant la période des questions.

M. Trudeau a rétorqué que la nouvelle contribution du Canada sied mieux aux besoins de la coalition. «Nous avons passé trois mois à consulter nos alliés au sujet du rôle que le Canada pouvait jouer pour stabiliser la région», a dit le premier ministre.

De retour au pays après avoir rencontré ses homologues de l'OTAN la semaine dernière à Bruxelles, le ministre de la Défense Harjit Sajjan a affirmé que la guerre contre le groupe armé État islamique ne peut être gagnée qu'en ayant une stratégie comportant plus de formation pour les troupes locales.

«La bataille ne peut pas être gagnée des airs. En triplant notre capacité de formation et en doublant nos opérations de renseignement, c'est exactement la contribution dont a besoin la coalition», a dit le ministre Sajjan.

Pour sa part, le chef du Nouveau Parti démocratique, Thomas Mulcair, a soutenu que le premier ministre rompt sa promesse électorale en élargissant la portée de la mission militaire «alors qu'il a promis plutôt aux Canadiens qu'il allait la réduire».