«La situation s'est détériorée à Sousse. Nous respectons la consigne de rester confinés à l'hôtel.» Le Gatinois Marc Jacques Girard fait partie de quelque 1000 Canadiens qui se trouvent présentement en Tunisie. Même si la situation dans cette ville touristique est plus calme qu'à Tunis, la capitale, M. Girard s'est résigné à rentrer au pays.

En vacances en Tunisie depuis le 2 janvier dernier avec un ami, Marc Jacques Girard devait revenir au Canada le 26 mars prochain. Or, devant la détérioration de la situation au cours des derniers jours et l'avertissement émis par le ministère des Affaires étrangères, il a décidé d'écourter son voyage. Un vol le ramènera à Montréal le 18 janvier prochain.

Outre M. Girard, huit autres Québécois séjournent actuellement au Marhaba Royal Salem. Six reviendront au Québec le 18 janvier. Les trois autres entameront bientôt des démarches pour rentrer. La plupart des Européens étant rentrés chez eux, l'hôtel est presque vide.

«Présentement, il n'y a pas de manifestation dans les rues, constate M. Girard, joint au téléphone samedi midi. Mais, de nos chambres d'hôtel, qui donnent sur la mer et sur le centre-ville, on voyait aujourd'hui des incendies à quelques kilomètres de l'hôtel. On a aussi entendu des coups de feu.» Un couvre-feu est en vigueur dans la ville de 18h à 7h.

Le ministère des Affaires étrangères du Canada, qui recommande d'éviter tout voyage non essentiel en Tunisie, n'a mis en place aucune mesure particulière pour rapatrier les Canadiens qui se trouvent en Tunisie. Le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Alain Cacchione, assure que «la situation en matière de sécurité en Tunisie est surveillée de près.» «Une évacuation est une mesure de dernier recours, quand il n'est plus possible d'avoir accès à des moyens de transport personnels ou commerciaux et quand la sécurité des Canadiens est à risque», précise-t-il.

Les citoyens canadiens en Tunisie qui ont besoin d'une assistance consulaire d'urgence sont invités à communiquer avec l'ambassade canadienne à Tunis au 216 71-104-000 avec le Centre des opérations d'urgence du MAECI à frais virés au 613-996-8885.

En Tunisie depuis septembre dernier pour ses études, Nathalie-Ann Ross a quitté Tunis vendredi. «Je suis présentement à Sousse depuis vendredi après-midi afin d'éviter les mouvements de protestation et de pillage imprévisibles ayant cours dans la capitale, raconte-t-elle. J'habite à Tunis dans un quartier où il y a eu plusieurs manifestations et actes de violence depuis mardi.» Pour l'instant, la jeune femme de 25 ans n'a pas devancé la date de son retour prévue le 1er mars. «En cas d'élections prochaines, je serai peut-être tentée de rester un peu plus longtemps pour y assister», affirme-t-elle.

Si plusieurs Québécois cherchent à rentrer, d'autres n'abandonnent pas l'idée de se rendre en Tunisie. Cesia Osoria de l'agence de voyages Sultana Tours indique que des voyageurs se sont envolés pour la Tunisie vendredi soir et qu'ils sont arrivés au pays samedi. «Les zones touristiques sont jusqu'à maintenant épargnées (par les troubles)», observe-t-elle. Certains clients ont néanmoins manifesté le souhait de revenir alors que d'autres ont décidé de rester sur place. «Les gens qui partent à ce temps-ci de l'année partent pour au moins un mois, souligne Mme Osoria. Ils ne veulent pas perdre leur voyage. Beaucoup attendent donc que ça se calme.»

Quant à ceux qui s'apprêtaient à partir, plusieurs ont choisi de reporter leur voyage à une date ultérieure. Joanne Lachapelle et son conjoint, qui devaient s'y rendre le 28 janvier prochain, ont plutôt décidé de ne pas visiter le pays. «On devait partir pour un mois, mais on trouverait ça plate de rester confinés à l'hôtel, note Mme Lachapelle. On a donc décidé de ne pas y aller. L'agence de voyages nous offre un crédit. Mais, nous devrons payer une pénalité.»

Environ 15 000 touristes canadiens voyagent en Tunisie chaque année. La haute saison s'étend de mai à octobre.