Le ministre américain de la Justice Eric Holder s'est dit vendredi prêt à démanteler la police de Ferguson, deux jours après la publication d'un rapport accablant sur son racisme et ses discriminations systématiques envers les Noirs.

La justice américaine a également indiqué avoir découvert des courriels racistes qui avaient été cachés et qui prouvent les multiples violations des droits commis par la police de cette ville du Missouri, où un policier blanc, Darren Wilson, avait tué en août 2014 un jeune Noir non armé, Michael Brown.

«Nous sommes déterminés à utiliser tous les pouvoirs dont nous disposons, tout le pouvoir que nous avons, pour s'assurer que la situation change là-bas. Je dis bien tout, du travail avec eux jusqu'au changement complet de structure», a dit M. Holder.

Interrogé sur la possibilité d'un éventuel démantèlement de la police de Ferguson, le ministre de la Justice a répondu: «Si cela est nécessaire, nous sommes prêts à le faire».

Il a également dit avoir été «choqué» par les découvertes lors de l'enquête fédérale qui a suivi le drame et les émeutes à travers les États-Unis, et a lancé un avertissement en direction des forces de police du pays.

«J'espère qu'ils entendent ce que l'on dit et comprennent la force avec laquelle cela est ressenti au niveau du gouvernement fédéral et ils peuvent être sûrs que nous utiliserons tous les moyens à notre disposition pour que ce qui s'est passé à Ferguson soit mis au jour et que cela ne se reproduise plus ailleurs dans le pays», a dit le premier ministre de la Justice noir des États-Unis.

Plus tôt vendredi, le président Barack Obama avait également estimé que le racisme de la police à Ferguson n'était pas «un cas isolé».

«Je ne pense pas que ce soit typique de ce qui se passe dans le pays mais ce n'est pas un incident isolé», a affirmé le président américain dans un entretien à la radio Sirius XM.

«Il y a des cas où la confiance entre les communautés et la police n'est plus de mise», avait-il ajouté.

Selon lui, «il y a des individus ou des services entiers qui ne sont pas formés ou responsabilisés sur le fait qu'ils doivent protéger et servir tout le monde, et pas seulement quelques-uns», en faisant référence à la devise «Protéger et servir» de la police américaine.

Barack Obama, premier président noir des États-Unis, intervenait à la veille de sa visite à Selma (Alabama), où il doit se rendre samedi pour commémorer les 50 ans d'une marche réprimée dans le sang, devenue sous l'impulsion de Martin Luther King le symbole de la lutte non-violente pour les droits civiques.