Le principal bloc chiite au Parlement irakien a choisi vendredi, après des mois de négociations, le premier ministre sortant Nouri al-Maliki comme son candidat pour former le prochain gouvernement, ce qui pourrait permettre à l'Irak de sortir d'une longue crise politique.

L'Alliance nationale (AN) ne dispose pas de la majorité au Parlement, mais son annonce résonne comme un premier signe d'espoir près de sept mois après les secondes législatives de l'après-Saddam Hussein.

Elle constitue un important progrès après des mois de négociations stériles entre les partis politiques qui ont fait craindre un retour des violences en Irak et compliqué les efforts de reconstruction du pays.

Le département d'État américain a indiqué vendredi que les États-Unis étaient «encouragés» par les mesures prises en vue de la constitution d'un gouvernement en Irak.

«L'Alliance nationale a désigné Maliki comme son candidat pour le poste de premier ministre», a déclaré lors d'une conférence de presse le député Falah Fayadh, membre de l'Alliance nationale irakienne (ANI), l'une des composantes de l'AN.

Les législatives du 7 mars n'ont donné à aucun parti la capacité de gouverner seul. L'AN regroupe l'Alliance de l'État de droit (AED), liste conduite par M. Maliki, et l'ANI, un regroupement de partis religieux chiites.

Avec 89 sièges sur 325, l'AED est arrivée deuxième des élections du 7 mars dernier, derrière le Bloc irakien (91 sièges), une liste conduite par l'ex-premier ministre Iyad Allawi et soutenue par de nombreux sunnites.

L'ANI s'est classée en troisième position avec 70 sièges et a longtemps souhaité que le vice-président Adel Abdel Mehdi forme le prochain gouvernement.

La décision de l'AN annoncée vendredi implique que M. Maliki dispose désormais du soutien de 132 députés, car certaines formations de l'ANI -le Conseil suprême islamique en Irak et Fadhila- comptant 27 élus au total ne participaient pas aux négociations.

S'il dispose du plus vaste soutien au Parlement, M. Maliki n'est cependant pas assuré de former le prochain gouvernement, puisqu'il lui manque encore une trentaine de sièges pour être majoritaire.

On ignore en outre si M. Maliki tentera à nouveau d'incorporer dans sa coalition le Bloc irakien, comme l'ont maintes fois préconisé les États-Unis, qui disposent toujours de 50 000 militaires américains en Irak.

Les négociations entre MM. Maliki et Allawi n'ont à ce stade rien donné et vendredi dernier, le Bloc irakien a réaffirmé qu'il ne prendrait pas part à un gouvernement dirigé par le sortant.

Pour de nombreux experts, ne pas inclure les sunnites dans le prochain gouvernement pourrait déclencher de nouveaux affrontements confessionnels.

«Maliki devra faire des concessions pour satisfaire les autres blocs et permettre ainsi que toutes les communautés soient représentées au gouvernement, pour la première fois de l'histoire de l'Irak moderne», a déclaré à l'AFP le député Hassan Alawi, membre du Bloc irakien.

Certains généraux américains ont récemment estimé que l'incertitude politique avait favorisé la réapparition de milices, notamment dans le Sud, et nuisait aux efforts des forces de sécurité.

La crise politique a ainsi été citée comme une des raisons de la persistance des violences. Cinq personnes, dont un policier et un soldat, ont encore été tués vendredi dans des attaques à Bagdad et Mossoul, dans le nord du pays, selon un responsable des forces de sécurité.

L'Irak a égalé vendredi le triste record du pays ayant échoué pendant la plus longue période (208 jours) à former un gouvernement à l'issue d'élections, selon le professeur Christopher J. Anderson, directeur de l'Institut d'études européennes, à l'université américaine de Cornell. Il a indiqué que ce record avait été établi par les Pays-Bas en 1977.