Le procureur du Vatican, Mgr Charles Scicluna, a averti mercredi les évêques, réunis à Rome pour un symposium, que se rendre coupable de «négligence» face à un cas de pédophilie était «un crime» aux termes du droit canon.

«Nous ne pouvons refuser à une victime que son cas soit examiné avec justice, en nous abritant derrière des complexités techniques de la loi», a-t-il prôné. «Les négligences et les intentions mauvaises dans l'exercice de son devoir constituent un crime en vertu du droit canon», a-t-il poursuivi.

Il a insisté sur le rôle central que doivent jouer les évêques dans la lutte contre la pédophilie qui doivent être rendus coupables aussi de l'impunité des agresseurs dans leurs diocèses.

«La responsabilité ecclésiale doit être développée encore davantage. Comment sanctionne-t-on un évêque? C'est quelque chose que le droit canonique réserve au pape personnellement», a reconnu l'évêque maltais dans une conférence de presse.

«Une fois que l'on impose des règles, vous devez les respecter», a-t-il lancé à l'intention des évêques, en reconnaissant que la «culture du silence» se perpétue encore dans l'Église.

Certains diocèses, notamment aux États-Unis et en Allemagne, sont allés très loin dans les règlementations qui favorisent la coopération avec la justice civile. Mais, dans beaucoup de pays, ces normes ne sont pas en place.

Un problème à résoudre porte sur l'obligation des dénonciations par l'évêque, tout puissant dans son diocèse, à la police et au parquet.

Les associations d'anciennes victimes réclament que le Vatican donne des indications précises qui soient tout le temps valides.

Quelque 4000 cas sont arrivés dans ses services dans les dix dernières années, a indiqué le «promoteur de justice» du Vatican, chargé de centraliser l'études des dossiers d'abus sexuels commis par des prêtres mais aussi par des laïcs au sein de l'Église.

Sur ces 4000 cas, un millier ont été communiqués en 2010 et 2011, mais ce sont pour la plupart des cas anciens remontant à des dizaines d'années. Ils proviennent pour la plupart d'Europe, a-t-il dit, dans la mesure où le scandale a été révélé plus tard en Europe qu'aux États-Unis. «Plus les cas sont anciens, plus il est urgent de les traiter, par justice pour les victimes», a-t-il dit.