Les États-Unis ne signeront pas de traité de l'ONU sur le commerce des armes qui réglementerait la question clé des munitions et qui empiéterait sur la Constitution américaine garantissant le droit de posséder une arme, a prévenu vendredi le secrétaire d'État John Kerry.

«Les États-Unis sont résolument engagés à sceller un traité solide et efficace sur le commerce des armes qui permette d'en traiter les effets négatifs sur la paix et la stabilité mondiales», a écrit M. Kerry dans un communiqué.

De nouvelles négociations s'ouvrent lundi aux Nations unies pour tenter de conclure le premier traité international sur le commerce des armes conventionnelles, après un échec en juillet dernier. Les 193 États membres de l'ONU ont 10 jours pour trouver les moyens de réglementer ce marché de plus de 70 milliards de dollars par an.

Mais, a mis en garde M. Kerry, «les États-Unis pourront être partie à un traité sur le commerce des armes qui réglemente uniquement la question des armes conventionnelles et qui n'impose pas de nouvelles exigences sur le marché américain des armes à feu ou pour les exportateurs américains».

M. Kerry fait allusion au refus de longue date de Washington de faire entrer dans le traité la question du commerce des munitions.

«Les États-Unis continuent de s'opposer à inclure les munitions (dans le traité). Les munitions sont fondamentalement différentes des armes et leur inclusion poserait toute une série de difficultés pratiques», a expliqué à l'AFP un responsable américain.

Washington a obtenu l'an dernier que les munitions ne soient évoquées que dans une annexe au traité.

«Nous ne soutiendrions pas un traité contraire à la législation américaine et aux droits des citoyens américains définis par notre Constitution, y compris le second amendement», qui garantit le droit de posséder une arme à feu, a insisté John Kerry.

Le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon a lui souhaité un traité «musclé» incluant les munitions.

Des ONG déplorent les lacunes du projet de traité. Elles soulignent l'absence des ventes de munitions, ou de pièces et composants. Selon Oxfam, 12 milliards de balles sont produites par an, un marché de 4,3 milliards de dollars essentiel pour les États-Unis qui en produisent la moitié.