Moez Trabelsi, neveu de Leïla Trabelsi, l'épouse du président tunisien déchu Zine El Abidine Ben Ali, a été arrêté jeudi à Rome sur instruction d'Interpol, a indiqué le ministère tunisien de la Justice.

Il s'agit de la première arrestation à l'étranger d'un proche du clan Ben Ali depuis la fuite le 14 janvier de l'ex-président après 23 ans d'un pouvoir sans partage.

«Moez Trabelsi est l'objet d'un mandat d'amener émis par la justice tunisienne. Interpol a fait procéder à son arrestation jeudi vers 3h (mercredi vers 22h, heure de Montréal) à Rome», a déclaré à l'AFP le porte-parole du ministère Kadhem Zine El Abidine.

L'organisation policière internationale a émis une «notice rouge» pour le jeune homme poursuivi dans plusieurs affaires de corruption et soupçonné de blanchiment d'argent, a-t-il précisé.

Il a été incarcéré à Rome en attendant la mise en route des procédures judiciaires pour son extradition et son jugement en Tunisie, a précisé le porte-parole.

«M.T. a été interpellé dans un hôtel du centre historique» par des policiers «qui sont intervenus par surprise et en pleine nuit», a annoncé la préfecture de police de Rome dans un communiqué.

Les agents ont vérifié son identité et ont découvert qu'un mandat d'Interpol avait été lancé le 22 janvier contre lui. «L'homme a été mis à disposition des autorités compétentes», a ajouté la préfecture sans préciser quand il devrait être renvoyé en Tunisie.

«Si Moez Trabelsi est arrêté en Italie, nous demandons au gouvernement de préparer un dossier solide pour obtenir son extradition et permettre à la justice de le juger dans le respect de ses droits», s'est réjoui Mokhtar Trifi.

«Nous espérons que tous les pays qui abritent des membres du clan en fassent autant, en particulier l'Arabie saoudite où séjourne Ben Ali, le Canada, le Qatar qui abritent des membres de la famille recherchés et condamnés par défaut en Tunisie», a ajouté Me Trifi, président d'honneur de la Ligue de défense des droits de l'homme.

La Tunisie a demandé en vain l'extradition de l'ex-président tunisien.

«Qu'ils répondent à cette demande et que la règle de droit puisse être appliquée à tous ceux qui se sont enfuis», a-t-il dit.

Moez Trabelsi et son cousin Imed avaient été poursuivis sans succès en France pour «vols en bande organisée».

Ils étaient accusés de s'être approprié en 2006 le prestigieux yacht de Bruno Roger, l'un des dirigeants de la Banque Lazard et proche de l'ex-président Jacques Chirac et de l'actuel chef de l'État Nicolas Sarkozy.

En mai 2007, la justice française avait lancé un mandat d'arrêt à l'encontre des deux cousins Imed et Moez, mais la Tunisie avait refusé de les extrader.

L'ancien ministre tunisien de la Justice Béchir Takkeri a été écroué le 9 septembre pour subornation de témoin dans cette affaire en incitant à un faux témoignage pour écarter les accusations pesant sur les deux membres du clan Trabelsi.

Imed Trabelsi est le seul important membre de la famille à être jugé en Tunisie après avoir été arrêté le 14 janvier, alors qu'il s'apprêtait à embarquer sur un vol à destination de la France avec d'autres proches.