Les forces du nouveau régime en Libye marquaient une pause jeudi dans les combats autour de Syrte, ainsi qu'à Bani Walid, deux bastions du dirigeant déchu Mouammar Kadhafi, invoquant la nécessité de se réorganiser au lendemain de leurs succès dans le sud.

Dans le même temps, l'ex-premier ministre libyen Al-Mahmoudi Al-Baghdadi, arrêté mercredi soir en Tunisie, a été condamné jeudi à six mois de prison pour franchissement illégal de la frontière, selon les autorités tunisiennes.

En revanche, la justice tunisienne a confirmé en appel le non-lieu en faveur du commandant libyen Khouildi Hamidi, un proche du colonel Kadhafi qui a longtemps dirigé les renseignements militaires du pays, interpellé le 7 septembre à l'aéroport de Tunis et poursuivi pour entrée illégale en Tunisie, a déclaré un de ses avocats à l'AFP.

Sur le terrain, les forces du Conseil national de transition (CNT) ont cessé de combattre jeudi matin dans le secteur de la localité de Soultana, sur le front est de la ville de Syrte (370 km à l'est de Tripoli), qu'ils avaient prise lundi après de violents combats contre les hommes restés fidèles au colonel Mouammar Kadhafi, toujours en fuite.

«Nous arrêtons le combat pour une semaine. Nous faisons face à un manque de munitions», a affirmé le commandant Moustafa ben Dardef dont la brigade s'est arrêtée à environ à 30 km à l'est de Syrte.

Selon lui, l'objectif est de consolider les gains sur le terrain et d'établir «une forte ligne de défense» à Soultana.

«Nous avons demandé aux autres fronts de cesser le feu pour mieux coordonner notre action», a-t-il dit, en prenant, avec ses combattants, la route de Benghazi, siège du CNT, pour tenter d'obtenir des munitions.

Selon un groupe de combattant revenant de la ligne de front à la mi-journée «il y a eu quelques tirs sporadiques de mitrailleuses ce matin, mais c'est plutôt calme à présent». Un combattant a toutefois été tué et trois blessés, selon des sources médicales.

Les combats devaient également cesser jeudi sur le front ouest à 50 km de Syrte, selon des commandants des pro-CNT.

Les responsables militaires ont indiqué qu'ils attendaient de nouvelles frappes de l'OTAN pour affaiblir les positions des forces pro-Kadhafi.

La France maintient son dispositif, notamment d'hélicoptères de combat, déployé au large de la Libye et poursuit ses frappes aériennes contre les derniers bastions des forces pro-Kadhafi, a indiqué jeudi le commandement des forces françaises.

L'OTAN a affirmé pouvoir achever sa mission en Libye largement avant l'échéance de son nouveau mandat qui vient d'être prolongé de trois mois.

À Bani Walid, près d'une semaine après l'assaut lancé contre cette vaste oasis, autre bastion de Mouammar Kadhafi, la situation était calme.

«Le front est calme aujourd'hui, nous ne nous attendons pas à ce qu'il y ait des victimes avant la reprise des combats, une fois les rangs réorganisés», a indiqué à l'AFP le docteur Mariam Tayeb qui accompagne les combattants pro-CNT, stationnés à environ 20 km de la ville, et qui ont reculé jeudi de 5 km.

Les combattants imputent leurs difficultés à un manque de coordination et à l'absence d'un commandement unifié pour cette bataille dans le désert à 170 km au sud-est de Tripoli.

À quelque 6 km du centre de la ville, des coups de feu sporadiques étaient entendus alors que des colonnes de fumée s'élevaient de Bani Walid survolée continuellement par des avions de l'OTAN.

Mercredi, les forces du nouveau régime avaient réussi à prendre le contrôle des villes de Sebha et Waddan. Sebha, fief des Kadhadfa dans le désert, la tribu de Mouammar Kadhafi, constituait un important objectif des combattants pro-CNT, de même que l'oasis de Djofra, à 300 km plus au nord-est.

Plusieurs personnalités pro-Kadhafi ont fui Sebha, en direction du Niger, a annoncé jeudi le porte-parole du CNT, le colonel Ahmed Bani, confirmant que la ville était complètement sous le contrôle des révolutionnaires, malgré quelques «poches de résistance».

La ville de Waddan, dans l'oasis de Djofra, a également été «libérée» par les forces du nouveau régime, qui contrôlent désormais environ 70% de la région, selon le responsable local Moustapha el-Houni.

Des responsables CNT de Sebha et Djofra ont lancé un appel d'«urgence», lors d'une conférence de presse à Benghazi, pour que soit apportée de l'aide aux habitants du sud où selon eux 400.000 personnes, notamment des enfants, «ont besoin d'eau potable, de médicaments, de produits alimentaires, de lait et d'électricité».

La production de pétrole va reprendre dans les très prochains jours en Libye, mais il faudra longtemps avant d'atteindre les niveaux précédant la révolte, a par ailleurs indiqué jeudi président de la commission de l'économie et du pétrole du CNT, Moustapha El Houni.

À Washington le directeur du Fonds monétaire international pour l'Afrique du Nord, le Proche et le Moyen Orient, Masood Ahmed, a estimé qu'il faudra plus d'un an pour un retour à la normale de la production.

Sur le plan politique, le gouvernement algérien a exprimé jeudi «sa volonté de travailler étroitement» avec les nouvelles autorités libyennes, selon un communiqué du ministère des Affaires étrangères publié à Alger.