Les forces des nouvelles autorités en Libye ont opéré vendredi un repli tactique de Bani Walid, mais avancé dans Syrte, après de violents combats dans ces deux principaux bastions du régime déchu de Mouammar Kadhafi.

Parallèlement, deux responsables du Conseil national de transition (CNT), issu de la rébellion qui a renversé l'ex-dirigeant en fuite Mouammar Kadhafi, ont affirmé qu'un nouveau gouvernement de transition de 30 membres, représentatif de l'ensemble des Libyens, serait annoncé dimanche.

Déjà reconnu par environ 90 pays, le CNT s'est vu attribuer par l'Assemblée générale de l'ONU le siège de la Libye lors d'un vote qui permet à son chef, Moustapha Abdeljalil, de participer à la réunion annuelle à New York, en marge de laquelle il rencontrera mardi le président américain Barack Obama.

Le Conseil de sécurité de l'ONU a par ailleurs adopté à l'unanimité une résolution qui lève en partie le gel des avoirs libyens et prévoit l'envoi d'une mission pour aider le nouveau pouvoir à organiser des élections et rédiger une nouvelle Constitution.

Sur le terrain, les combattants du CNT engagés dans l'offensive de Bani Walid ont procédé en soirée à un repli tactique après une incursion dans le coeur de la ville située à 170 km au sud-est de Tripoli, a indiqué un chef combattant.

«Cela ne sert à rien de tenir des positions de nuit dans un environnement hostile», a dit à l'AFP ce commandant, laissant entendre que de nombreux snipers retranchés dans le centre de Bani Walid représentaient de nuit une menace pour ses hommes.

Pendant la journée, les forces-CNT sont entrées dans ce bastion pro-Kadhafi, y livrant une rude bataille. De violents combats avaient eu lieu dans le secteur du marché avec des tirs de roquettes. Des ambulances avaient évacué une quinzaine de blessés parmi les pro-CNT, ont indiqué des témoins.

Avant d'ouvrir cette nouvelle brèche dans les rares régions encore fidèles à Mouammar Kadhafi, les pro-CNT sont entrés jeudi soir à Syrte, la région natale de l'ex-leader située à 360 km à l'est de la capitale, six jours après l'expiration de l'ultimatum lancé par les nouvelles autorités aux pro-Kadhafi.

Les combats se sont poursuivis avec notamment de lourds combats autour de l'aéroport. Plusieurs dizaines de pick-up lourdement armés et trois chars des renforts pro-CNT venus de l'ouest sont entrés dans la ville.

«Les révolutionnaires contrôlent déjà la moitié de Syrte», a déclaré Ibrahim Sweyib, un combattant des forces du CNT qui ont jusque-là déploré 11 morts et 34 blessés.

Selon un étudiant de 20 ans, Abdel al-Moutaly, il n'y a «pas d'électricité» à Syrte depuis un mois, et «les gens ignoraient complètement ce qui se passait à l'extérieur» de la ville, notamment la chute de Tripoli.

Le porte-parole du dirigeant déchu, Moussa Ibrahim, également en fuite, a assuré que les pro-Kadhafi étaient «très bien préparés» et déterminés à «résister jusqu'à la victoire», dans une intervention par téléphone sur la chaîne Arraï basée en Syrie.

Au lendemain des visites en Libye des premiers leaders occidentaux depuis la débâcle du régime Kadhafi le 23 août, le président français Nicolas Sarkozy et le premier ministre britannique David Cameron, c'est le premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan qui est venu saluer «la victoire» du peuple dans ce pays.

M. Erdogan a dit à Tripoli être «heureux d'avoir été témoin de la victoire et de l'avènement de la démocratie en Libye», appelant les pro-Kadhafi à Syrte et Bani Walid à se joindre aux nouvelles autorités.

À Tripoli puis Benghazi (est), M. Sarkozy a affirmé que M. Kadhafi était encore «un danger» et qu'il y avait donc «un travail à terminer», et M. Cameron a promis d'aider à sa traque. Tous deux se sont engagés à poursuivre leur aide au CNT, aux niveaux militaire et matériel.

Enfin, alors que le président bissau-guinéen Malam Bacaï Sanha a désavoué son premier ministre qui avait dit que Mouammar Kadhafi serait accueilli «à bras ouverts» à Bissau, le Niger a exclu pour l'instant de renvoyer en Libye Saadi Kadhafi, l'un de ses fils réfugié sur son sol et interdit de voyage par l'ONU.