Les rebelles libyens, qui se targuent d'être aux portes de Tripoli, prêts à faire tomber le régime de Mouammar Kadhafi, ont commencé activement à préparer l'après-Kadhafi, tout en ouvrant mercredi un nouveau front dans l'Ouest.

La rébellion a défini sa nouvelle feuille de route pour l'après-Kadhafi, dans un document dont l'AFP a obtenu une copie. Il s'agit d'une «déclaration constitutionnelle» qui prévoit de remettre le pouvoir à une Assemblée élue dans un délai de moins d'un an et l'adoption d'une nouvelle Constitution.

Il décrit en 37 articles, et sur une dizaine de pages, les grandes étapes de la période de transition suivant une éventuelle chute du colonel Kadhafi.

Le Conseil national de transition (CNT), l'organe politique de la rébellion basé à Benghazi (est), réaffirme être «la plus haute autorité de l'État», le «seul représentant légitime du peuple libyen» et «tire sa légitimité de la révolution du 17 février». Dès la «déclaration de libération», il quittera la capitale rebelle Benghazi pour venir siéger à Tripoli.

Sur le terrain, les responsables des forces rebelles se déclarent proches d'une victoire finale grâce à la prise de contrôle ces derniers jours de Zawiyah, Sorman et Sabrata, situées entre 40 et 60 kilomètres à l'ouest de Tripoli, et Garhyane, à une cinquantaine au sud de la capitale, bastion du régime.

Les rebelles ont ouvert mercredi un nouveau front à Ajaylat, située à quelques kilomètres au sud de Sorman et de Sabrata.

«De violents combats ont lieu actuellement dans la localité d'Ajaylat, où les forces révolutionnaires essaient de libérer la zone», a déclaré un porte-parole militaire de la rébellion, le colonel Ahmed Omar Bani, au cours d'une conférence de presse à Benghazi.

Sabrata et Sorman, le long des côtes de la Méditerranée, «sont entièrement sous notre contrôle», a-t-il par ailleurs assuré.

Un correspondant de l'AFP a pu constater dans l'après-midi que Sabrata était complètement sous contrôle rebelle, après encore quelques accrochages dans la matinée.

Si les rebelles contrôlent la route côtière entre Sabrata et Zawiyah, «toutes les villes entre la frontière tunisienne et Sorman n'ont pas encore été libérées», a cependant reconnu le colonel Bani, promettant que «la libération d'Ajaylat serait un tournant majeur».

Théâtre depuis plusieurs jours de violents combats et désormais tenue «en majeure partie» par la rébellion, Zawiyah est «violemment bombardée par les forces de Kadhafi depuis l'est, mais la population ne craint pas ces bombardements et ne quittera pas la ville», a encore indiqué le porte-parole.

Le correspondant de l'AFP avait constaté mardi que des combats étaient toujours en cours autour du centre-ville de Zawiyah et dans le nord-est de la ville encore contrôlée en partie par les pro-Kadhafi, avec des tirs de mortier et à l'arme automatique.

À une dizaine de kilomètres à l'ouest de Zawiyah, les rebelles tenaient également une grande partie du site stratégique de la raffinerie, selon le correspondant.

Sur le front Est, dans la cité pétrolière de Brega, les rebelles ont continué leur progression. «La zone résidentielle est entièrement sous le contrôle de la rébellion, les combats se déroulent dans la zone industrielle», a indiqué le colonel Bani.

«Nous ne changerons pas notre stratégie à Brega», après le tir dimanche par les forces du régime d'un missile sol-sol de courte portée Scud sur des positions rebelles dans la zone, a-t-il dit.

Cela montre que «le tyran est apeuré et désespéré», a-t-il commenté, concluant: «rassurez-vous, vous êtes en sécurité» à Benghazi, «capitale» rebelle qui est hors d'atteinte de ces missiles, selon lui.

Alors que l'Otan a pris la tête le 31 mars de la coalition internationale en Libye, dans le cadre d'une résolution de l'ONU autorisant le recours à la force pour protéger les populations civiles, les présidents vénézuélien Hugo Chavez et iranien Mahmoud Ahmadinejad ont dénoncé une «agression impérialiste» de l'Occident en Libye et en Syrie, selon un communiqué publié à Caracas.

L'envoyé spécial de l'ONU pour la Libye Abdel Ilah Khatib a quant à lui quitté la Tunisie mardi après une visite de 24 heures au cours de laquelle il a rencontré des représentants libyens dans un contexte de confusion autour d'éventuels pourparlers entre rebelles et pro-Kadhafi.

Selon plusieurs sources concordantes, des pourparlers secrets ont bien eu lieu dimanche à Djerba, non loin de la frontière tuniso-libyenne.

Mais la rébellion a catégoriquement démenti toutes «négociations, directes ou indirectes, avec le régime de Kadhafi».