Le gouvernement libyen a annoncé être prêt à engager des réformes pour tenter de mettre fin au conflit qui déchire le pays depuis plus d'un mois et demi alors que de violents combats avaient lieu autour de Brega où les rebelles ont perdu beaucoup de terrain reculant vers l'est.

Mardi matin, l'OTAN a mené un raid aérien contre des forces loyalistes à une trentaine de km à l'est du port pétrolier de Brega où des combats pour le contrôle de cette ville située à 800 km à l'est de Tripoli font rage depuis jeudi.

Un pétrolier doit arrimer mardi dans l'est de la Libye pour exporter le premier chargement de pétrole par la rébellion libyenne depuis l'arrêt total des exportations du pays, ce qui permettrait de financer l'insurrection contre le colonel Mouammar Kadhafi.

Le porte-parole du gouvernement a affirmé que le régime était prêt à négocier des élections ou un référendum notamment. «Quel système politique à appliquer dans le pays? Ceci est négociable. Nous pouvons en parler. Nous pouvons avoir tout, élections, référendum, etc.», a déclaré lundi soir Moussa Ibrahim à des journalistes.

Il a toutefois précisé que «le leader est la soupape de sécurité pour le pays et pour l'unité de la population et des tribus. Nous pensons qu'il est très important pour toute transition vers un modèle démocratique et transparent».

Kadhafi en public

Le colonel Kadhafi a fait lundi soir une apparition en public et salué ses partisans rassemblés dans sa résidence de Bab el-Aziziya à Tripoli. Sa dernière apparition remontait au 22 mars.

Son fils Seif al-Islam a affirmé à la radio BBC 4, que l'ex-ministre libyen des Affaires étrangères Moussa Koussa, qui a fait défection à Londres, avait «dit qu'il était malade et qu'il devait aller tous les trois mois à l'hôpital Cromwell de Londres... Et nous l'avons autorisé à aller à Djerba, en Tunisie, d'abord. Il n'y pas de problème avec ça».

Interrogé sur les secrets que Moussa Koussa dirait détenir, Seif al-Islam a répondu: «Quoi comme secrets? Les Britanniques et les Américains savent tout sur Lockerbie. Il n'y a plus de secrets».

L'Écosse a indiqué lundi que ses enquêteurs entendront «dans les prochains jours» Moussa Koussa, soupçonné d'être impliqué dans l'explosion d'un vol de la Pan Am au-dessus du village écossais de Lockerbie.

Le régime autoritaire du colonel Kadhafi est la cible depuis le 15 février d'une révolte populaire qui s'est transformée en guerre civile entre insurgés et forces loyales au dirigeant.

Sur le terrain, la bataille pour le port pétrolier de Brega (800 km à l'est de Tripoli) se poursuit, les rebelles utilisant des lance-roquettes multiples face aux violentes répliques à l'artillerie des forces gouvernementales, selon un journaliste de l'AFP.

Les rebelles reculent

Les rebelles se trouvaient en début d'après-midi à mi-chemin entre Brega et à Ajdabiya (80 km au nord), reculant d'environ une trentaine de km, selon ce journaliste.

L'OTAN a mené un raid aérien vers 9H00 (3H00 HNE) à une trentaine de km à l'est de Brega où il a détruit deux pick-up des forces loyalistes venant de l'ouest qui avaient effectué une incursion dans le secteur déserté. Le raid n'a pas fait de victimes, les soldats qui se trouvaient dans les véhicules ayant réussi à s'échapper, a rapporté le journaliste de l'AFP.

Plus tôt, les rebelles avaient réussi à s'approcher de Brega avant de reculer vers l'est en rangs dispersés sous des bombardements des forces loyalistes.

Comme la veille, des familles entières continuaient de fuir la ville en voiture en raison des combats entre rebelles et forces gouvernementales mieux armées et mieux organisées.

«Brega est quasiment désert, il n'y a plus que quelques hommes et leurs fils pour garder les maisons. Nos hommes (les rebelles) sont dans la ville (dans l'est) mais les forces de Kadhafi leur tirent dessus (de la partie ouest)», a déclaré Sami Ali, un habitant sur la route de Brega.

«Un tanker devrait arriver dans la journée (mardi) dans un terminal pétrolier près de Tobrouk», ville de l'est située à 130 kilomètres de la frontière égyptienne, a indiqué à l'AFP Michelle Bockmann, experte des marchés pour Lloyd's List Intelligence, une publication basée à Londres.

C'est la première fois que les rebelles libyens, qui contrôlent plusieurs ports de l'est de la Libye, mènent une telle opération depuis l'entrée dans le conflit de la coalition internationale le 19 mars, et l'arrêt total des exportations de brut du pays, selon les données de Lloyd's List.

«Deux chargements de pétrole» avaient déjà eu lieu à Tobrouk, entre le 28 février et la mi-mars, a affirmé à l'AFP Fethi Faraj, responsable du comité d'insurgés qui gère cette ville portuaire.

L'Union européenne n'a pas d'objections concernant l'achat éventuel de pétrole aux rebelles libyens du moment que les revenus tirés de cette transaction ne profitent pas au régime du colonel Kadhafi, a affirmé le porte-parole de la chef de la diplomatie de l'UE, Catherine Ashton.

Le président en exercice de l'Union africaine (UA), le chef d'État équato-guinéen Teodoro Obiang Nguema, a condamné mardi à Genève les interventions étrangères en Côte d'Ivoire et en Libye.