Le régime syrien a mené des raids aériens vendredi contre l'ultime poche rebelle dans la Ghouta orientale, aux portes de Damas, pour la première fois depuis une dizaine de jours, après l'échec de négociations sur un retrait des insurgés.

Ces frappes interviennent alors qu'un accord d'évacuation des rebelles de cette poche rebelle a achoppé jeudi sur des divisions internes au sein du groupe Jaich al-Islam, dont l'aile dure refuse catégoriquement de quitter la ville.

Au moins 32 civils, dont sept enfants, ont été tués et 50 autres blessés dans les raids aériens, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).

« Les morts arrivent à l'hôpital en morceaux, nous n'arrivons même pas à les identifier. Il y a plus de 20 blessés, dont plusieurs sont dans un état critique », raconte un médecin dans un hôpital local.

« Le personnel médical est totalement débordé », ajoute-t-il.

Selon l'agence officielle Sana, l'aviation syrienne a effectué des frappes en représailles à des « tirs de roquettes » de rebelles contre « plusieurs quartiers résidentiels aux abords de Damas, ayant tué une personne et blessé 15 autres ».

La veille, environ 20 bus affrétés par le régime de Bachar al-Assad ont pénétré dans la zone de Douma avant de rebrousser chemin. Il s'agissait du quatrième convoi, après trois jours consécutifs d'évacuations, à l'issue desquels environ 3000 combattants et civils ont été transférés vers le Nord syrien.

Le groupe islamiste Jaich al-Islam, qui tient encore Douma, n'a jamais confirmé avoir conclu un accord d'évacuation et est resté muré dans un silence total, tiraillé entre les partisans et opposants à ce départ organisé.

Selon M. Abdel Rahmane, « sur les 10 000 combattants de Jaich al-Islam, plus de 4000 refusent catégoriquement de sortir ».

Opération au sol ?

Après avoir pilonné sans relâche durant cinq semaines les zones rebelles de la Ghouta orientale, tuant plus de 1600 civils, le régime syrien est parvenu à des accords d'évacuation avec deux groupes rebelles, Ahrar al-Cham et Faylaq el Rahmane.

Face aux réticences de Jaich al-Islam, il avait massé des renforts autour de Douma, n'excluant pas une reprise de l'offensive militaire pour faire plier les insurgés.

« Ces frappes aériennes ouvrent la voie à une opération au sol. Les négociations ont échoué et le régime veut désormais imposer ses conditions. Ces frappes sont un avant-goût de ce qui pourrait arriver si les conditions du régime ne sont pas acceptées », explique Nawar Oliver, spécialiste de la Syrie au centre de réflexion Omran, basé en Turquie.

« Mais il y a toujours une possibilité que Jaish al-Islam accepte à la dernière minute et évite l'opération militaire », ajoute-t-il.

Le groupe islamiste chercherait un accord de réconciliation qui lui permettrait de rester à Douma en tant que force de police.

En attendant, les habitants, dont 22 000 ont déjà fui la ville au cours des dix derniers jours, vivent dans l'expectative.

« Confusion »

« C'est très tendu et il y a beaucoup de confusion. Nous ne savons pas où nous allons », confiait à l'AFP Mohamad, 20 ans, quelques heures avant les bombardements meurtriers.

« Certains disent qu'il y aura une réconciliation et que les choses iront mieux, et d'autres rumeurs circulent sur une nouvelle campagne de bombardements et un déplacement forcé », avait-il ajouté.

Plus de 46 000 combattants et civils ont déjà été évacués de l'enclave rebelle dans la Ghouta en vertu des deux premiers accords négociés par Moscou, précieux allié de Damas.

Le régime syrien, qui est sur le point de reconquérir l'intégralité du dernier bastion rebelle aux portes de Damas, a également dans le viseur quelques poches dans le sud de la capitale contrôlées par le groupe djihadiste État islamique (EI).