Le chef de la diplomatie américaine John Kerry a mis en garde le président syrien Bachar al-Assad et son allié russe sur le respect de la cessation des hostilités, au moment où les combats redoublent de violence dans le nord de la Syrie.

Par ailleurs, une cinquantaine d'organisations syriennes d'opposition ont accusé l'ONU de «capituler» devant le régime concernant l'acheminement de l'aide humanitaire aux victimes du conflit.

«Il est manifeste que la cessation des hostilités est fragile et menacée, et qu'il est crucial d'instaurer une vraie trêve», a déclaré à Oslo John Kerry, en référence à une trêve instaurée à l'initiative de Moscou et Washington le 27 février - dont les groupes djihadistes sont exclus - mais qui est régulièrement violée depuis avril.

«La Russie doit comprendre que notre patience n'est pas infinie. En fait, elle est même très limitée quant au fait de savoir si Assad va ou non être mis devant ses responsabilités» et faire taire les armes sous la pression de la Russie, a ajouté le secrétaire d'État.

Les États-Unis sont «aussi prêts à demander des comptes aux (groupes armés) membres de l'opposition» soupçonnés d'exactions ou qui «continuent les combats en violation du cessez-le-feu», a poursuivi John Kerry.

La Russie et les États-Unis sont les parrains d'un processus diplomatique et politique pour la Syrie mais qui est au point mort, après plus de cinq années de guerre qui a fait 280 000 morts et des millions de réfugiés.

À Washington, le porte-parole du département d'État John Kirby a souligné que le ministre John Kerry avait exprimé de la «frustration» et il a une nouvelle fois averti que les États-Unis «examinaient activement les options à (leur) disposition». Sans toutefois dévoiler le moindre détail concret.

«Course de vitesse» 

Sur le terrain, les combats continuent.

Au moins 70 combattants ont été tués en 24 heures dans des affrontements entre forces du régime et rebelles alliés à des djihadistes au sud d'Alep, a indiqué l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).

Les forces prorégime, appuyées par des raids de l'armée de l'air syrienne et de l'aviation russe, sont parvenues à reprendre  Zeitan et Khalassa, deux villages qu'elles avaient perdus quelques heures plus tôt au sud-ouest d'Alep, selon l'Observatoire.

Khalassa se trouve sur une colline surplombant de larges secteurs du sud de la province d'Alep.

Au nord d'Alep, le régime a pilonné le principal axe de ravitaillement des rebelles et la région d'Al-Maleh, selon l'OSDH. «La course de vitesse pour encercler Alep est en cours», a souligné le directeur de l'OSDH, Rami Abdel Rahmane, en référence à cette grande ville divisée entre secteurs gouvernementaux et rebelles.

Un hôpital soutenu par Médecins du Monde a été détruit mardi par un bombardement dans les quartiers rebelles, dans l'est d'Alep, sans faire de victimes, a affirmé cette ONG.

Début juin, plusieurs hôpitaux avaient été visés par des bombardements à Alep.

Sur le plan humanitaire, une cinquantaine d'organisations syriennes d'opposition ont affirmé que l'action de l'ONU en Syrie «viole les principes humanitaires et risque d'attiser le conflit».

Dans un rapport très critique, elles accusent l'ONU d'avoir «perdu de vue les valeurs humanitaires vitales d'impartialité, d'indépendance et de neutralité». Selon ce rapport, en avril, 88% des livraisons de nourriture l'ont été à des régions contrôlées par le régime et 12% dans des secteurs hors de son contrôle. 

«Mission suicide» 

Des centaines de milliers de civils se trouvent dans des localités assiégées, dans la plupart des cas par les forces gouvernementales, sans accès à des vivres ni à une aide médicale.

«Nous n'aidons pas les Syriens selon le lieu où ils se trouvent mais selon leurs besoins», a répliqué le coordinateur humanitaire de l'ONU en Syrie, Yaacoub al-Helou. «Ce serait une mission suicide pour les travailleurs humanitaires de charger un convoi d'aide sans autorisation», a-t-il insisté.

En cinq ans de guerre, la Syrie est devenu un territoire totalement morcelé où combattent forces du régime, groupes rebelles, djihadistes et Kurdes. Sans compter l'implication de forces étrangères comme des pays occidentaux membres de la coalition internationale anti-djihadistes.

Le ministère syrien des Affaires étrangères a «condamné fermement la présence de forces spéciales françaises et allemandes dans les régions d'Ain Arab (Kobane en kurde) et Minbej», dans le nord du pays. Il considère cette présence «comme une interférence flagrante en violation des principes de la Charte des Nations unies» et «une agression» envers la souveraineté de la Syrie.

Paris a récemment reconnu que des forces spéciales avaient été déployées en Syrie pour conseiller des combattants arabo-kurdes des Forces démocratiques syriennes (FDS) engagés contre le groupe État islamique (EI).

En revanche, le ministère allemand de la Défense a démenti: «Nous n'avons pas de forces spéciales impliquées en Syrie».