Le Congrès américain dont le président Barack Obama a décidé de chercher l'approbation pour intervenir militairement en Syrie ne peut pas se substituer à l'ONU, a affirmé dimanche le ministre iranien des Affaires étrangères, Mohammad Javad Zarif.

«Le Congrès ne peut pas autoriser des frappes (contre la Syrie) et cette attaque serait menée en violation du droit international», a déclaré M. Zarif, cité par l'agence Isna, affirmant que «seul le Conseil de sécurité de l'ONU - dans des conditions particulières - peut donner une autorisation» à l'usage de la force.

«M. Obama ne peut pas interpréter la loi internationale» à son profit, a ajouté le chef de la diplomatie iranienne, qui a de nouveau mis en garde contre une déstabilisation de la région en cas de frappe américaine.

«Outre la question de sa légalité, tout usage de la force dans la région allumerait un incendie difficile à éteindre», a-t-il dit.

Téhéran, principal allié régional de la Syrie, a multiplié les mises en garde aux États-Unis et à leurs alliés contre les conséquences sur la région d'une frappe militaire contre le régime du président Bachar al-Assad, accusé d'avoir eu recours à des armes chimiques le 21 août près de Damas.

L'Iran, qui condamne tout usage de ces armes et prône une solution politique au conflit, affirme que l'attaque aurait pu être menée par les rebelles qui combattent le régime depuis plus de deux ans.

La Maison-Blanche a formellement demandé samedi au Congrès américain son autorisation pour mener des frappes militaires en Syrie, afin de permettre au président Obama de «faire cesser» et «prévenir» les attaques avec des armes chimiques.

La Turquie favorable à une intervention de grande ampleur

Le premier ministre turc, Recep Tayyip Erdogan, favorable à une intervention de grande ampleur en Syrie, a estimé dimanche qu'une action militaire limitée aggraverait les difficultés dans ce pays.

«Je veux rappeler ici que les mesures temporaires ne suffisent pas, ne suffiront jamais en Syrie», a déclaré M. Erdogan au cours d'une réunion à Istanbul.

«Frapper des objectifs locaux non seulement ne nous rapproche pas d'une solution, mais rend les conditions plus difficiles encore en Syrie», a-t-il poursuivi, soulignant que le président syrien Bachar al-Assad devait «quitter immédiatement ses fonctions et partir dans un pays qui consentira à l'accueillir».

Le premier ministre turc avait déjà affirmé vendredi que son pays ne pourrait se satisfaire d'une opération limitée, estimant que l'objectif d'une intervention militaire internationale «devait être de contraindre le régime à abandonner» le pouvoir.

Le secrétaire d'État américain John Kerry avait évoqué vendredi une action «limitée» contre la Syrie et parlé d'une réponse militaire «appropriée» et qui ne serait pas «illimitée» dans le temps, sans troupes au sol, en réaction à l'utilisation présumée d'armes chimiques par le régime de Damas.

Le président américain a finalement écarté samedi une intervention à court terme, préférant consulter le Congrès, en vacances jusqu'au 9 septembre.

La Turquie, pays de l'OTAN, qui a rompu avec le régime syrien, son ex-allié, s'est engagée à rejoindre une coalition anti-Damas, même sans consensus à l'ONU.