Le chef de l'opposition syrienne Ahmed Moaz al-Khatib a de nouveau présenté samedi sa démission, arguant de l'«inaction» de la communauté internationale face au conflit, au moment où l'armée de Bachar al-Assad progressait dans la région de Homs frontalière du Liban.

De nouvelles découvertes macabres ont reflété encore une fois l'horreur de la guerre qui ne connaît pas de répit depuis deux ans, l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH) identifiant au moins 80 personnes tuées en cinq jours dans une localité proche de Damas.

Alors que son armée marque des points face aux rebelles dans le sud du pays, l'agence officielle Sana a rapporté que le président Assad jugeait que «la situation était meilleure en Syrie grâce à la résistance du peuple syrien et son soutien à sa valeureuse armée».

Réitérant des propos récemment tenus, il a de nouveau souligné son intransigeance, affirmant qu'il ne ferait «pas de compromis avec les groupes extrémistes et terroristes», auquel il assimile les rebelles.

S'adressant à une délégation libanaise, il a également dit que la Syrie et le Liban feront «avorter ensemble les complots étrangers visant à mettre en oeuvre un nouveau Sykes-Picot», faisant référence à un accord franco-britannique conclu en 1916 en vue du partage de l'Empire ottoman.

Face à l'impasse dans ce conflit qui a fait plus de 70 000 morts selon l'ONU, M. Khatib a soumis pour la deuxième fois sa démission, «pour dénoncer le manque d'action de la communauté internationale pour aider le peuple syrien», selon un membre de la Coalition de l'opposition.

Cette démission intervient après la réunion samedi du groupe des «Amis de la Syrie» à Istanbul durant laquelle Washington a annoncé le doublement de son assistance directe et la livraison d'équipements militaires défensifs, mais toujours pas les armes lourdes que l'opposition réclame avec insistance.

Connu pour son franc-parler, M. Khatib a toujours critiqué l'inaction de la communauté internationale face au bain de sang en Syrie.

Un membre de la Coalition a affirmé à l'AFP que l'opposition allait se réunir les 10 et 11 mai pour élire un nouveau chef, la Charte de la Coalition prévoyant que le mandat de son président est soumis au vote tous les six mois.

L'armée marque des points

Sur le terrain, l'armée marquait des points sur deux fronts stratégiques, aux portes de Damas et dans la région de Homs, frontalière du Liban, qui relie la capitale au littoral.

Ainsi elle a pris dimanche le «contrôle total» du village de Jdeidet al-Fadl où l'OSDH a pu identifier au moins 80 morts, dont de nombreux rebelles tués dans des bombardements, des combats et des exécutions sommaires.

L'organisation a diffusé des vidéos de corps au visage sauvagement torturé ou horriblement mutilé.

Les troupes cherchent à empêcher l'entrée des rebelles à Damas en bombardant intensément les poches insurgées en périphérie.

Dans la région de Homs (centre), l'armée progressait vers le bastion rebelle de Qousseir après la prise de plusieurs villages environnants, selon l'OSDH et Damas.

D'après l'Observatoire, les troupes sont appuyées par des combattants du Hezbollah libanais.

Les combattants du Hezbollah «avancent sur le terrain, tandis que l'armée assure leur couverture aérienne», a expliqué à l'AFP Hadi al-Abdallah, militant antirégime à Qousseir.

Cette situation se répercute au Liban, où trois nouveaux obus lancés depuis la Syrie se sont abattus dans la région du Hermel, bastion du Hezbollah, sans faire de victime, selon l'agence officielle libanaise.

Depuis une semaine, les rebelles tirent en direction de cette région, affirmant riposter à la participation du Hezbollah aux combats.

L'opposition syrienne a d'ailleurs sommé le Hezbollah de «retirer immédiatement ses forces du territoire syrien», soutenant que l'implication du parti chiite «pourrait entraîner le Liban et la région dans un conflit ouvert aux conséquences destructrices».