L'émissaire international Lakhdar Brahimi est arrivé dimanche à Damas pour tenter une nouvelle fois de parvenir à une solution au conflit qui ravage depuis près de deux ans la Syrie, au moment où un raid aérien tuait des dizaines de civils devant une boulangerie.



Contrairement à ses visites précédentes, l'envoyé spécial de l'ONU et de la Ligue arabe est entré en Syrie par la route depuis le Liban, les combats ayant récemment gagné les abords de la route reliant l'aéroport international de Damas à la capitale.

Peu avant l'arrivée de M. Brahimi à Damas, le ministre syrien de l'Information Omrane al-Zohbi a assuré, lors d'une conférence de presse, ne pas avoir été informé de cette visite.

Affirmant ne pas avoir connaissance d'un quelconque plan de l'émissaire international, il a une nouvelle fois appelé au dialogue, estimant que «le temps presse». Le ministre a souligné que «seuls les Syriens participeront à ce dialogue national», accusant la Turquie et le Qatar de soutenir les rebelles que le régime assimile à des «terroristes».

L'opposition pose comme condition préalable à toute négociation le départ du président Assad.

Lors de sa dernière visite à Damas, du 19 au 24 octobre, M. Brahimi avait rencontré le président Bachar al-Assad ainsi que plusieurs hauts responsables.

Il avait notamment négocié avec eux la mise en place d'une trêve pour la fête musulmane de l'Adha fin octobre, qui avait volé en éclats au bout de quelques heures.

Cette nouvelle visite, pour laquelle aucun programme n'a été donné, intervient après 21 mois d'un conflit qui a fait plus de 44.000 morts et a vu toutes les parties se radicaliser, l'OTAN faisant état de tirs de missiles Scud par l'armée, tandis que les islamistes gagnent en ampleur au sein de la rébellion.

Dimanche, les redoutables chasseurs-bombardiers de l'armée ont bombardé une boulangerie de Halfaya, une localité rebelle du centre du pays près de la ville de Hama, faisant des dizaines de morts parmi les habitants venus acheter du pain.

Le pain est une denrée de plus en plus rare en Syrie où la crise humanitaire s'aggrave, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH) et des militants.

Ailleurs dans le pays, l'armée de l'air a mené d'autres raids meurtriers sur plusieurs régions du pays, où la révolte populaire hostile au président Bachar al-Assad lancée en mars 2011 dans le sillage du Printemps arabe est désormais une guerre civile «ouvertement communautaire», selon les Nations unies.

Samedi, un bataillon rebelle a prévenu qu'il attaquerait deux localités chrétiennes si leurs habitants n'en chassaient pas l'armée. L'Organisation de la coopération islamique (OCI) a dénoncé ces menaces, redoutant une tournure confessionnelle du conflit.

Face à ces violences qui ne faiblissent pas, la communauté internationale reste paralysée par ses divisions, notamment au Conseil de sécurité de l'ONU où Moscou et Pékin, alliés clé du régime, font jouer leur droit de veto pour bloquer toute résolution condamnant Damas.

Mais, a assuré samedi le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov les pays impliqués dans la crise syrienne «prient pour que la Russie et la Chine continuent de bloquer toute autorisation d'une intervention, parce que dès que ce sera autorisé, ils devront agir, et personne n'(y) est prêt».

Outre les dizaines de morts de Halfaya, un bilan provisoire de l'OSDH fait état de 49 morts dimanche.

Selon l'ONG qui s'appuie sur un large réseau de militants et de médecins civils et militaires à travers la Syrie, 117 personnes ont péri samedi, dont 53 soldats et 35 rebelles.