Le sarin, que le régime syrien semble en train de militariser, est un gaz neurotoxique extrêmement virulent mis au point en Allemagne en 1939 par des chercheurs travaillant sur les pesticides et utilisé dans le métro de Tokyo en 1995 par la secte Aum Vérité Suprême.

Un responsable américain sous couvert de l'anonymat a confié lundi à l'AFP que la Syrie était en train de mélanger des précurseurs chimiques» du sarin, habituellement stockés séparément par sécurité. Le fait de les mélanger constitue une étape vers sa militarisation.

Gaz organophosphoré comme le soman ou le tabun, le sarin bloque la transmission de l'influx nerveux, entraînant la mort par arrêt de la respiration et du coeur. Agissant même à doses infimes, il pénètre par voie respiratoire ou par simple contact avec la peau, selon la Fédération des scientifiques américains (FAS).

Les victimes se plaignent de maux de têtes violents et présentent des pupilles dilatées. Surviennent ensuite convulsions musculaires, arrêts respiratoires et coma précédant la mort.

Il existe des antidotes, uniquement efficaces s'ils sont pris très rapidement après exposition.

Considéré comme l'un des poisons les plus toxiques jamais mis au point par l'homme, le sarin est incolore et quasi-inodore. Il n'agit cependant que pendant une période limitée: entre 14 minutes et 6 heures, selon les conditions météorologiques.

La secte Aum a eu recours à du sarin lors d'une attaque en juin 1994 dans la ville de Matsumoto, dans la préfecture de Nagano (nord de Tokyo), qui avait tué sept personnes et entraîné l'hospitalisation de 200 autres à la suite des émanations du gaz mortel, puis le 20 mars 1995 dans le métro de Tokyo, faisant 13 morts et intoxiquant plus de 6.000 voyageurs.

La Convention internationale sur les armes chimiques, en vigueur depuis 1997, interdit la production, le stockage et l'emploi des armes chimiques, dont le sarin, considérées comme armes de destruction massive.

La Syrie ne l'ayant pas signée, elle n'est pas membre de l'Organisation chargée de contrôler son application, l'OIAC, les données publiques sur ses stocks sont donc rares.

Les stocks syriens sont de l'ordre de «centaines de tonnes» d'agents chimiques divers, selon Leonard Spector, expert au centre d'études sur la non-prolifération à l'Institut Monterey.

Pour Olivier Lepick, spécialiste français de l'armement chimique à la Fondation pour la recherche stratégique (FRS), «leur panoplie d'agents chimiques est assez robuste».

Outre les vésicants comme le gaz moutarde (ypérite), Damas possède du sarin et vraisemblablement du VX, un autre gaz neurotoxique, dix fois plus puissant que le sarin.

Quant aux vecteurs, ils vont des missiles balistiques de type Scud aux bombes aériennes et obus d'artillerie, selon la littérature «ouverte».