Le juge dirigeant le nouveau procès de l'ancien président égyptien Hosni Moubarak s'est récusé au début de la première audience, samedi, invoquant un conflit d'intérêts, alors que Moubarak se présentait en cour pour la première fois depuis dix mois en souriant et en saluant ses partisans.

Cette récusation provoque de nouveaux problèmes dans cette affaire, après qu'une cour d'appel eut annulé, en janvier, la peine de prison à vie infligée à Moubarak lorsque celui avait été reconnu coupable de n'avoir pu empêcher les meurtres de protestataires lors de la révolte de 2011 qui a mené à sa chute.

La cour d'appel a octroyé un nouveau procès à l'ex-raïs après avoir estimé que lors du premier procès, la poursuite manquait de preuves concrètes et n'avait pas été en mesure de prouver que les manifestants avaient été tués par la police au cours des jours les plus sanglants de la révolte.

Environ 900 personnes ont perdu la vie pendant les 18 jours d'émeutes, la plupart au cours des premiers jours.

Si le juge de première instance avait critiqué l'absence de preuves, les manifestants avaient accusé le bureau du procureur général de négligence au moment de récolter ces preuves. Le procureur général de l'époque avait été nommé par Moubarak, et a depuis été remplacé.

Le premier procès de Moubarak a eu lieu dans une atmosphère tendue qui a jeté de l'ombre sur les nuances juridiques de l'affaire et mené à ce que plusieurs ont qualifié de verdict aux motivations politiques visant à calmer la colère du public réclamant justice après presque 30 ans de règne autoritaire.

Hosni Moubarak s'est montré enthousiaste en arrivant au tribunal du Caire, saluant ses partisans alors qu'il se faisait pousser vers la salle dans un fauteuil roulant.

Il s'est redressé sur la civière d'hôpital installée dans la cage des accusés. Ses fils Alaa et Gamal ainsi que son ancien ministre de l'Intérieur Habib al-Adly, actuellement emprisonnés pour des affaires différentes, étaient à ses côtés dans la cage.

La session de la cour n'a duré que quelques minutes, prenant fin après que le juge Mostafa Hassan se fut récusé et eut transmis le dossier à une cour d'appel, qui sera chargée de nommer un nouveau juge. Il n'a pas donné de détails sur le conflit d'intérêts motivant sa décision.

Des médias locaux ont laissé entendre que le juge pourrait lui-même transférer le dossier à un collègue. En octobre, le magistrat a causé un émoi chez des militants politiques lorsqu'il a acquitté 25 fidèles à Moubarak.

S'ils sont de nouveau reconnus coupables, Moubarak et al-Adly pourraient une fois de plus être condamnés à la prison à vie, ou voir leur peine réduite. Ils pourraient également être acquittés, mais il est peu probable qu'ils reçoivent une sentence plus sévère, telle la peine de mort.