Un caméraman de Radio-Canada qui accompagne le journaliste Jean-François Lépine en Égypte a été agressé par des manifestants en colère, mercredi, au Caire, alors que la situation dans les rues de la ville devenait de plus en plus violente.

Sylvain Castonguay a été frappé au visage et a par la suite été roué de coups par des dizaines d'individus, a raconté M. Lépine sur les ondes du Réseau de l'information (RDI).

Le vieux routier du journalisme a affirmé que lui et son caméraman s'étaient déjà trouvés dans des situations dangereuses par le passé, mais jamais autant que celle de mercredi. «Il y a eu comme une hystérie collective», a relaté Jean-François Lépine, ajoutant que la zone était hors de contrôle.

Le journaliste de Radio-Canada a indiqué que ce sont finalement des militaires égyptiens qui les ont secourus de leur périlleuse situation, après avoir été alertés. «C'est ça qui nous a sauvé la vie, parce que sinon, probablement que la foule nous aurait battus à mort», a estimé M. Lépine.

Un superviseur de la chaîne a expliqué à La Presse Canadienne que les deux hommes se trouvaient maintenant en sécurité et que Sylvain Castonguay se reposait à l'hôtel. Ce dernier n'a subi aucune blessure importante, mais souffrait d'un choc nerveux.

L'incident est survenu alors que la situation dans les rues du Caire devient de plus en plus violente, les partisans de Hosni Moubarak s'en prenant à ses opposants qui manifestaient depuis plus d'une semaine.

Certains des manifestants pro-Moubarak ont attaqué des journalistes occidentaux. Un journaliste-vedette de CNN, Anderson Cooper, a notamment été rudoyé.

Mercredi, l'équipe de RDI était arrivée sur la place de la Libération afin d'y couvrir les affrontements entre manifestants.

Jean-François Lépine a expliqué que lui et son collègue tentaient de se faire discrets, utilisant une petite caméra afin de ne pas attirer l'attention. D'autres équipes avaient vu leur caméra être détruite par des manifestants pro-Moubarak dans la journée.

La foule en furie a alors commencé à s'en prendre à un interprète égyptien qui travaillait pour l'équipe de RDI. M. Lépine tentait de l'éloigner lorsque Sylvain Castonguay a reçu un coup de poing au visage. Le journaliste a alors perdu de vue le caméraman dans le chaos de la situation.

Voyant des militaires, Jean-François Lépine leur a demandé de l'aide et ceux-ci ont tiré le caméraman de la mêlée, avant de transporter les deux hommes en sûreté.

«Mon caméraman, Sylvain Castonguay, a bien failli mourir dans cette histoire-là, parce que la foule était tellement agressive et tellement nombreuse», a affirmé le reporter sur les ondes de sa chaîne.

Un superviseur travaillant à la société d'État a souligné, plus tard mercredi, que Sylvain Castonguay se trouvait en sécurité. «Il se trouve à l'hôtel et il va bien», a affirmé Robert Quintal, responsable des affectations internationales à Radio-Canada. «Il en gardera probablement quelques séquelles demain, mais il n'a pas saigné. Il se porte bien, il peut se tenir debout. Ils se portent bien tous les deux.»