Des policiers antiémeute armés de bâtons ont affronté, vendredi, des dizaines de manifestants qui tentaient d'installer un camp de protestation dans le centre de la capitale jordanienne, blessant au moins 15 personnes, dans ce qui constitue la plus violente confrontation à Amman depuis le mois de mars.

La veille, le premier ministre jordanien avait averti qu'il ne tolérerait pas de sit-in à durée indéterminée dans la capitale. Le camp de protestation, une initiative de onze groupes de jeunes, voulait imiter ceux qui se trouvent au coeur des soulèvements populaires en Égypte, au Yémen et dans d'autres pays du monde arabe.

Les militants ont indiqué qu'ils tenteraient de nouveau d'installer leur camp samedi.

Plusieurs journalistes et photographes ont été blessés dans les affrontements de vendredi, ce qui en a poussé certains à affirmer que la police les avait délibérément visés pour les empêcher de couvrir la manifestation.

La manifestation a commencé après la grande prière du vendredi à Amman. Une échauffourée a d'abord éclaté entre quelques dizaines de manifestants et une trentaine de partisans du gouvernement qui tentaient d'empêcher la foule de se rendre sur une place du centre de la ville.

Quelques minutes plus tard, la police antiémeute est intervenue, frappant les manifestants avec des bâtons. Quelque 1 000 manifestants étaient alors présents, dont des membres des Frères musulmans.

«Le peuple veut réformer le régime!», scandait la foule.

Plusieurs journalistes ont été frappés par les policiers. Plus tôt dans la journée, la police avait distribué des vestes orange aux représentants des médias pour pouvoir les repérer parmi les manifestants.

Mohammed Hannon, un photographe de l'Associated Press, a affirmé que les policiers l'avaient poussé et lui avaient tiré les cheveux. «Un policier m'a crié de ne pas prendre de photos», a-t-il raconté.

Un porte-parole de la police, Mohamed Al-Khatib, a nié que les journalistes aient été intentionnellement visés.

M. Al-Khatib a indiqué que sept policiers avaient été blessés, dont un à l'arme blanche. Une femme âgée de 50 ans a été frappée à la tête et a dû être transportée à l'écart.

D'autres manifestations ont eu lieu ailleurs en Jordanie, où des citoyens ont appelé à la démission du premier ministre Marouf Al-Bahkit, nommé en février.

Depuis six mois, des Jordaniens manifestent pour réclamer plus de place dans la vie politique du pays, inspirés par les révolutions en Tunisie et en Égypte. Les manifestations en Jordanie ont cependant été plus petites et plus pacifiques qu'ailleurs dans le monde arabe.

Le premier ministre a annoncé jeudi à la télévision nationale que même s'il respectait le droit des citoyens à manifester pacifiquement, il ne tolérerait pas de sit-in indéfini dans la capitale.

En mars, de jeunes militants qui avaient tenté d'installer un camp de protestation à Amman avaient été attaqués par des fidèles du gouvernement et des policiers de l'antiémeute. Une personne avait été tuée et des dizaines d'autres avaient été blessées.