Avec le Grand Prix 2013, les projecteurs sont braqués sur le Royaume de Bahreïn. C'est l'occasion pour les mouvements d'opposition de faire entendre leurs revendications prodémocratiques. C'est aussi une période où les autorités tentent de faire paraître le pays sous son meilleur jour. Voici quatre mots pour mieux comprendre la situation.

Chiite

La majorité du Royaume de Bahreïn est chiite et est dirigée par une minorité sunnite. «Cette majorité est réprimée depuis des siècles dans le silence», dit Houchang Hassan-Yari, professeur au département de politique et d'économie du Collège militaire royal du Canada. Comme il s'agit d'un petit royaume riche en pétrole, on pourrait penser que la richesse est redistribuée comme au Koweït ou au Qatar, mais ce n'est pas le cas, selon le professeur.

Soulèvement

Dans la foulée du printemps arabe en 2011, les Bahreïnis ont manifesté. «Les demandes étaient relativement timides; ils voulaient que le monarque et son gouvernement répondent de leurs actes au Parlement», explique le professeur Houchang Hassan-Yari. Mais plus l'État ignore les opposants, plus les demandes se radicalisent et prennent une couleur religieuse chiite. «Ils demandent maintenant le départ du roi. Mais la répression empêche les opposants de se structurer.» Selon Amnistie Internationale, depuis février 2011, 72 manifestants ont été tués.

F1

Le Grand Prix de Bahreïn s'est tenu pour la première fois en 2004. Au printemps 2011, en raison des manifestations violentes qui avaient fait 35 morts, il a été annulé. Cette année, les opposants ont manifesté hier, profitant de la visibilité de la course. Humant Rights Watch a demandé l'annulation de l'événement, craignant des répressions.

Hypocrisie

L'avenir de Bahreïn est un enjeu international. En mars 2011, des troupes saoudiennes et émiraties du Conseil de coopération du Golfe sont intervenues à Bahreïn pour réprimer les manifestations. «Les Saoudiens ne veulent pas voir un aboutissement positif des manifestations, croit le professeur Houchang Hassan-Yari. Si la famille royale tombe, ils craignent que ça influence les Saoudiens ou les Émiraties.» Bahreïn est aussi la terre d'accueil pour la 5e flotte de la marine américaine. «D'où l'hypocrisie. Les États-Unis parlent de démocratie, tout en étant complices d'un système pourri pour des raisons géostratégiques et géoéconomiques.»