L'armée syrienne a lancé une offensive généralisée pour tenter d'annihiler d'ici la fin de la semaine les poches de résistance à Homs, surnommée par les rebelles «capitale de la révolution», et s'emparer de la localité voisine de Qousseir, assiégée depuis près d'un an.

Dans le même temps, à la frontière nord, la Turquie a une nouvelle fois ripostée lundi à la chute d'un obus syrien, en tirant sur des positions de l'armée fidèle au président syrien Bachar al-Assad, tandis que l'ONU a dit redouter une escalade entre les deux pays.

«L'armée tente de nettoyer les derniers quartiers rebelles de Homs», a affirmé à l'AFP une source au sein des services de sécurité syriens. Poumon industriel de la Syrie, Homs fut à l'avant-garde de la contestation contre le régime de Bachar al-Assad.

«L'armée a également nettoyé des villages autour de Qousseir et essaie maintenant de s'emparer de la ville», a ajouté cette source.

Les deux localités sont distantes d'une trentaine de kilomètres.

Une autre source de sécurité syrienne a affirmé que l'armée comptait prendre ces deux bastions d'ici la fin de la semaine. «Ensuite, nous nous concentrerons sur le nord de la Syrie», a-t-elle dit.

La province de Homs est la plus grande et la plus stratégique du pays. Frontalière du Liban et de l'Irak, elle relie le nord et le sud de la Syrie.

Des militants à Homs ont estimé qu'il s'agissait d'un «assaut sans précédent». «Les destructions sont énormes», a déclaré un dissident se présentant sous le nom d'Abou Bilal. «Si l'armée rentre, ce sera un massacre».

Encerclée depuis fin 2011, Qousseir, où résidaient avant la révolution 30 000 habitants, est quasiment déserte.

«L'armée tente de prendre Qousseir à partir des trois entrées de la ville», a déclaré Hadi al-Abdallah, un membre local de la Commission générale de la révolution syrienne.

À Alep, les habitants ne savent plus où aller

Dans le nord du pays, les troupes syriennes ont à nouveau bombardé Alep, deuxième ville de Syrie et enjeu d'une bataille cruciale depuis mi-juillet, a indiqué l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).

L'armée a visé en fin de soirée les quartiers de Tariq al-Bab, Boustane al-Qasr et Kalassé (sud).

«Les gens ont peur et ne savent plus où aller», a déclaré à l'AFP Khaled, un père de cinq enfants, qui a fui pendant l'été le quartier de Salaheddine, devenu un champ de bataille.

«Maintenant que vient l'hiver, nous sommes encore plus tendus. La situation économique est un désastre. À part pour les fonctionnaires, il n'y a plus de gagne-pain», a expliqué cet homme de 47 ans, réfugié dans les dortoirs de l'université de la ville.

Lors d'une offensive lancée par l'armée loyaliste dans la région de Deraa (sud), vingt personnes ont été tuées dans la ville de Karak al-Charqi, assiégée depuis trois jours par l'armée, a indiqué l'OSDH, basée en Grande-Bretagne.

À Damas, les forces loyales détruisaient des maisons dans les quartiers de Qaboun et Barzé, déclenchant un mouvement d'exode de la population, selon l'OSDH qui se base sur un large réseau de militants et de médecins sur le terrain.

À la frontière syro-turque, la Turquie a riposté lundi pour le sixième jour consécutif à un obus syrien tombé en territoire turc, dans la province de Hatay (sud-est), a déclaré un responsable turc sous couvert de l'anonymat.

Depuis un bombardement mercredi dernier d'un village frontalier qui a causé la mort de cinq civils turcs, Ankara répond coup pour coup aux tirs syriens, dont l'armée régulière syrienne est tenue pour responsable.

Besoin d'aide à l'approche de l'hiver

Le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon a mis en garde contre cette escalade, et appelé les donateurs à plus de générosité envers la Syrie, plongée dans une guerre civile sans issue depuis près de 19 mois.

«L'escalade du conflit à la frontière Syrie-Turquie et l'impact de la crise sur le Liban sont extrêmement dangereux», a-t-il averti à Strasbourg.

«À l'approche de l'hiver, nous avons besoin que les donateurs répondent de manière plus généreuse aux besoins des populations en Syrie et de plus de 300 000 réfugiés dans les pays voisins», a ajouté le chef de l'ONU.

Les violences en Syrie ont fait au moins 132 morts lundi, dont 48 civils, 53 soldats et 31 rebelles, selon un bilan provisoire de l'OSDH.

Sur le plan diplomatique, Damas a rejeté une proposition faite par Ankara samedi, consistant en une période de transition dirigée par l'actuel vice-président syrien Farouk al-Chareh, qui remplacerait le président Assad.

Cette proposition «reflète un embarras et une gêne politique et diplomatique flagrants», a estimé le ministre de l'Information Omrane al-Zohbi.

Par ailleurs, le premier ministre irakien Nouri al-Maliki s'est envolé vers Moscou pour des entretiens centrés entre autres sur la Syrie.

Moscou, un allié du régime syrien, et Bagdad plaident régulièrement pour une solution politique au conflit.

En revanche, le candidat républicain à la Maison Blanche Mitt Romney a lancé un nouvel appel à armer l'opposition syrienne.