Le blocage à New York pour une prise de position de l'ONU sur la répression des manifestations en Syrie est «un scandale», a déclaré lundi le ministère français des Affaires étrangères, en condamnant la mort récente sous la torture d'un jeune militant.

En rappelant que le bilan des victimes s'élève à au moins 2600 morts, le porte-parole du ministère, Bernard Valero, a qualifié de «meurtre révoltant» la mort de ce militant, Ghiath Matar, et demandé la libération de tous les prisonniers politiques.

«Jusqu'à quand la communauté internationale restera-t-elle aveugle et muette devant cette succession ininterrompue de crimes? C'est la question que nous posons aujourd'hui», a-t-il souligné.

«Le blocage d'une prise de position du Conseil de sécurité des Nations unies est un scandale», a insisté Bernard Valero, alors que le président russe Dmitri Medvedev venait d'estimer à Moscou qu'il n'était pas nécessaire d'exercer des «pressions supplémentaires» sur Damas.

Avec cette déclaration, le président russe s'oppose à toute résolution au Conseil de sécurité de l'ONU imposant des sanctions au régime du président Bachar al-Assad.

Paris et Londres tentent depuis des mois en vain d'obtenir une résolution du Conseil de sécurité condamnant la répression en Syrie. Outre Moscou, Pékin et plusieurs pays émergents membres du Conseil sont opposés ou réticents à l'adoption d'une résolution.

Le Conseil de sécurité s'est limité jusqu'à présent à une simple déclaration sur la Syrie, adoptée début août et d'une valeur moindre qu'une résolution.

«Les atrocités commises chaque jour contre son propre peuple par le régime de Damas sont inacceptables», a poursuivi Bernard Valero.

«La France continue d'appeler les autorités syriennes à mettre fin aux violences et à libérer tous les prisonniers politiques. Elle attend aujourd'hui la libération immédiate de Yahya Charbaji, journaliste, militant pacifique et ami de Ghiath Matar, arrêté en même temps que ce dernier, d'Amer Matar, arrêté à Damas le 4 septembre; de Najati Tayara, arrêté pour la troisième fois le 10 septembre à Homs et de Chadi Abou Faker, réalisateur de court-métrages, arrêté le 23 août à Damas», a-t-il précisé.

Selon HRW, le corps de Ghiyath Matar, 26 ans, qui avait joué un rôle clé dans l'organisation de manifestations contre le régime de Bachar al-Assad, a été remis samedi à sa famille. Il présentait des ecchymoses à la poitrine et des traces de blessures sur le visage, selon des militants qui ont affirmé qu'il avait été «torturé à mort en détention», a rapporté HRW.