Au moins onze personnes ont été tuées mercredi près de Damas par les forces de sécurité syriennes au moment où de jeunes opposants se réunissent en Turquie pour renforcer la coordination du mouvement de contestation au régime du président Bachar Al-Assad.

«Les forces de sécurité ont perquisitionné des maisons mercredi à l'aube à Kanaker. Lors de cette opération, onze personnes ont été tuées et plus de 250 arrêtées», a affirmé à l'AFP Ammar Qourabi, président de l'Organisation nationale des droits de l'homme.

M. Qourabi a envoyé une liste des noms des onze victimes à l'AFP.

L'opération sécuritaire dans cette ville de 25 000 habitants a été «menée avec l'appui d'un bulldozer et des chars de l'armée» et a «visé des personnes entre 15 et 40 ans», a indiqué M. Qourabi, précisant qu'«au moins 11 véhicules ont transporté les personnes arrêtées».

Selon le militant, l'opération est un «acte de vengeance» car les habitants de Kanaker «ont joué un rôle dans l'acheminement de provisions à la ville de Deraa (sud)», assiégée par l'armée et qui «subit des coupures d'eau, d'électricité et d'internet».

«L'armée et les forces de sécurité se sont dirigées à l'aube vers Kanaker et ont ouvert le feu dans la ville», a indiqué de son côté l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), qui a communiqué à l'AFP une liste de huit morts.

Selon l'OSDH, sept chars se sont positionnés dans la partie ouest de la ville, sept autres à l'entrée principale de Kanaker et quatre autres ont pénétré du côté est avec un bulldozer.

En représailles, «les habitants de Kanaker ont lancé des pierres sur les chars» et ont barré les rues avec «des pneus enflammés».

«Quatre chars se sont ensuite retirés jusqu'à l'entrée est de la ville sous les jets de pierre et les habitants ont réinstallé les barrières détruites par le bulldozer», a poursuivi l'OSDH.

«Les mosquées de la ville sont transformées en hôpitaux civils», a encore indiqué l'ONG.

L'OSDH a précisé qu'un homme avait déjà été «tué mardi à un poste de contrôle à Harasta», près de Damas.

Par ailleurs, «une campagne sécuritaire a commencé mercredi à l'aube à Barza (un quartier de Damas). L'armée et les forces de sécurité se sont déployées dans tous les secteurs de ce quartier», a indiqué l'ONG.

Un convoi de «14 bus transportant des hommes armés est passé dans la rue principale», selon l'OSDH, qui s'inquiète d'une «nouvelle campagne d'arrestations».

D'autre part, deux personnes ont été interpellées mardi soir lors d'une manifestation nocturne à Zebdani, près de Damas, selon les militants.

«Les postes de contrôle de l'armée sont de plus en plus nombreux dans cette ville», a signalé l'Observatoire, en précisant que les forces de sécurité confisquaient les ordinateurs portables et poursuivaient leur campagne d'arrestations.

Depuis le 15 mars, la répression du mouvement de contestation a fait plus de 1400 morts civils, entraîné l'arrestation de plus de 12 000 personnes et l'exode de milliers d'autres au Liban ou en Turquie, selon des organisations de défense des droits de l'homme.

Le nombre de personnes dont on est sans nouvelles est de l'ordre de plusieurs milliers.

Parallèlement, quelque 200 jeunes opposants syriens du monde entier ont entamé mercredi à Istanbul une réunion de quatre jours visant à renforcer la coordination entre les mouvements de contestation et à former les militants.

«L'objectif principal est (...) de définir une stratégie de coordination, d'améliorer notre capacité à agir ensemble et de rendre nos efforts plus productifs», a affirmé à l'AFP Moaaz al-Sibaai, un des organisateurs de cette première réunion du Réseau des activistes syriens.

Selon lui, «20% au maximum (des participants) sont venus de Syrie» en raison du danger.

Le Dr Imaddin Rachid, un des leaders de la contestation en Syrie, récemment arrivé en Turquie, a appelé les jeunes militants à «bâtir une société civile qui dépasse les clivages idéologiques, ethniques et religieux, qui soit transparente et indépendante».