La pression internationale s'est accentuée jeudi sur la Syrie, accusée de réprimer le mouvement de contestation avec l'aide de l'Iran, au moment où le régime annonçait un nouveau gouvernement, chargé de mener des réformes, et la libération de prisonniers.

Les États-Unis ont accusé l'Iran d'aider Damas à réprimer les manifestations.

«Nous pensons qu'il y a des informations crédibles sur le fait que l'Iran aide la Syrie à réprimer les manifestants», a déclaré Mark Toner, le porte-parole du département d'État.

«Si la Syrie se tourne vers l'Iran pour demander de l'aide, elle ne peut pas parler sérieusement de réformes», a-t-il ajouté.

La Syrie a, elle, parlé d'accusations «sans fondement». «Si le département d'État a des preuves, qu'il les donne», a indiqué un responsable du ministère des Affaires étrangères.

Les ambassadeurs de France, d'Allemagne, d'Italie, d'Espagne, et de Grande-Bretagne à Damas ont exprimé de leur côté leur inquiétude au ministre syrien des Affaires étrangères, Walid Mouallem.

Ils ont «condamné l'usage de la force par les forces de l'ordre à l'encontre de manifestants pacifistes» et appelé le gouvernement à «engager des réformes politiques crédibles».

La Commission européenne a exclu de son côté de signer dans l'immédiat un accord d'association avec la Syrie prévoyant des aides, en soulignant que la situation suscitait une «très grande préoccupation».

«La priorité absolue est que les forces de sécurité syriennes cessent de faire usage de la force contre les manifestants pacifiques et que la Syrie s'engage sérieusement à faire des réformes», a ajouté une porte-parole.

De son côté, Damas a appelé le Liban à «agir» après que des membres présumés d'un «réseau terroriste» ont affirmé avoir reçu des armes de l'étranger, notamment d'un député libanais, pour inciter à la contestation en Syrie.

Des centaines de camions en provenance du Liban étaient retenus jeudi du côté syrien de la frontière en raison de contrôles de sécurité «renforcés», selon les services de sécurité libanais.

Dans le même temps, un nouveau gouvernement a été formé, dirigé par Adel Safar, ancien ministre de l'Agriculture. Il doit mener un programme de réformes comprenant notamment la levée de la loi d'urgence, en vigueur depuis 1963, la libéralisation de la presse et l'instauration du pluralisme politique.

Les titulaires des principaux ministères, notamment celui de la Défense, des Affaires étrangères et du Pétrole restent inchangés. L'ancien gouvernement, dirigé depuis 2003 par Mohammad Naji Otri, avait démissionné le 29 mars.

Autre mesure visant à calmer la rue, le président Bachar al-Assad a décidé de «libérer tous les détenus sur fond des derniers évènements, à l'exception de ceux qui ont commis des actes criminels envers la patrie et les citoyens», selon la télévision officielle.

Les manifestations contre le régime, lancées le 15 mars, ont été durement réprimées par les forces de l'ordre qui ont tué «au moins 200 personnes», selon Amnesty International. De leur côté, les autorités imputent les violences à des bandes «armées» ou «criminelles».

Jeudi, un soldat a été tué et un autre blessé à Banias (nord-ouest) lorsque des «francs-tireurs» ont ouvert le feu sur une patrouille, selon l'agence officielle Sana.

Cet incident survient alors qu'un accord a été conclu entre les autorités et des habitants pour rétablir l'ordre dans la ville, encerclée depuis dimanche par les forces de l'ordre après des affrontements meurtriers, a indiqué Rami Abdel Rahmane, président de l'Observatoire syrien pour les droits de l'homme.

Selon lui, dans le cadre de l'accord, des centaines de personnes arrêtées récemment ont été relâchées. Mais certaines ont affirmé avoir été «torturées».

De nouveaux appels à des manifestations vendredi dans tout le pays ont été lancés sur Facebook.