La France a vécu 53 heures d'effroi, de l'attentat mercredi contre le journal satirique Charlie Hebdo, qui a fait douze morts, à la prise d'otages sanglante vendredi dans un magasin casher à Paris.

Au total, 17 personnes ont trouvé la mort dans cette série d'attaques perpétrées par trois djihadistes français qui ont affirmé s'être coordonnés avant d'être abattus par les forces de l'ordre. En voici le déroulé :

L'ATTENTAT

Mercredi vers 11h30, deux hommes vêtus de noir, cagoulés et porteurs d'armes automatiques, ouvrent le feu au siège de Charlie Hebdo à Paris en pleine conférence de rédaction, criant «Allah akbar». Dans les locaux du journal ainsi que dans leur fuite, ils tuent au total 12 personnes et en blessent 11, dont quatre grièvement, dans le pire attentat en France depuis plus d'un demi-siècle.

Ils s'enfuient ensuite en voiture vers le nord-est de Paris, changeant de véhicule en braquant un automobiliste.

La police identifie rapidement les deux hommes dont l'un a laissé sa carte d'identité dans la première voiture. Il s'agit de deux frères, Chérif et Saïd Kouachi, 32 et 34 ans, nés à Paris de parents algériens. Le premier est un djihadiste condamné en 2008.

PHOTO MARTIN BUREAU, AFP

LA TRAQUE

Jeudi en début de journée, une policière municipale est tuée et un agent municipal grièvement blessé à Montrouge, près de Paris, lors d'une fusillade dont l'auteur s'enfuit. Le lien n'est pas immédiatement établi avec l'attentat contre Charlie Hebdo.

À midi, la France observe une minute de silence et le glas sonne à Notre-Dame de Paris.

Les frères Kouachi sont, eux, reconnus dans la matinée par le gérant d'une station-essence près de Villers-Cotterêts, à 80 km au nord-est de Paris. Gendarmes et policiers ratissent la région mais les deux hommes restent introuvables.

Les frères sont qualifiés de «héros djihadistes» par la radio de l'organisation État islamique (EI).

Ils sont depuis des années sur la liste noire américaine du terrorisme et Saïd Kouachi, le plus discret des deux hommes, s'est entraîné au maniement des armes au Yémen en 2011 avec Al-Qaïda, apprend-on de sources américaines.

Vendredi matin, à environ une demi-heure de route de la zone rurale où se concentraient les recherches des forces d'élite, ils volent la voiture d'une femme qui donne l'alerte.

La traque reprend quand éclate une fusillade nourrie à un barrage entre policiers et les frères Kouachi. Saïd est «légèrement blessé à la gorge», selon le procureur de Paris.

Photo: Reuters

LE DÉNOUEMENT SANGLANT

Les fugitifs, lourdement armés, se retranchent alors dans une imprimerie de Dammartin-en-Goële, à une vingtaine de km de l'aéroport international de Roissy. Les forces de l'ordre, appuyées par trois hélicoptères, cernent les lieux.

Par ailleurs, le lien est fait avec la tuerie de Montrouge. Le suspect, identifié, a des «connexions» avec les frères Kouachi, indique-t-on de sources policières.

Vers 13h, un homme muni de deux fusils mitrailleurs fait irruption dans un supermarché casher dans l'est parisien et ouvre le feu. Au moins trois personnes sont tuées et plusieurs autres prises en otage.

On soupçonne que le forcené est l'auteur de la fusillade de Montrouge. La police diffuse alors les photos d'un homme et d'une femme, Amedy Coulibaly, 32 ans, et Hayat Boumeddiene, 26 ans, soupçonnés d'être le meurtrier de Montrouge et sa compagne.

Peu avant 17h, des détonations et explosions retentissent à Dammartin.

Quasiment au même moment, l'assaut est donné au magasin «Hyper Cacher». Une demi-douzaine d'otages en sortent peu après.

À 17h15, l'AFP annonce dans un flash que les deux frères Kouachi ont été tués après être sortis de l'imprimerie en tirant sur les forces de l'ordre.

À Paris, Amedy Coulibaly est aussi abattu par la police. Les corps de quatre otages sont retrouvés dans le supermarché. Ils ont «vraisemblablement» été tués par Coulibaly, dès le début de son attaque, selon le procureur de Paris. Quatre personnes ont été blessées.

La chaîne BFMTV révèle avoir eu deux des trois jihadistes au téléphone dans la journée. Coulibaly affirmait avoir «synchronisé» son action avec les frères Kouachi et se revendiquait du groupe Etat islamique. Chérif Kouachi s'est dit missionné par Al-Qaïda dans la péninsule arabique (Aqpa).

Dans une allocution solennelle, le président François Hollande remercie les forces de l'ordre, dénonce des «fanatiques qui n'ont rien à voir avec la religion musulmane» et avertit que «la France n'en a pas terminé avec les menaces».

PHOTO THOMAS SAMSON, AFP