Le meurtrier présumé en Allemagne d'un petit réfugié de quatre ans a avoué avoir tué un autre garçon de six ans, disparu début juillet, et la police examinait vendredi d'autres dossiers d'enfants disparus.

«L'homme a avoué dans la nuit avoir aussi tué Elias», un enfant disparu sur une aire de jeux au pied de son immeuble à Potsdam (est) près de Berlin, a indiqué à l'AFP un porte-parole de la police, Stefan Redlich.

Silvio S., 32 ans, interpellé jeudi, a reconnu des violences sexuelles sur sa deuxième victime, le petit Mohamed, venu de Bosnie-Herzégovine avec sa famille et enlevé le 1er octobre devant le Lageso, le principal centre d'accueil et d'enregistrement des demandeurs d'asile à Berlin.

Il l'a ensuite «étranglé avec une ceinture», redoutant que les cris de l'enfant n'alertent le voisinage, a expliqué Michael van Hagen, le procureur de Berlin, lors d'une conférence de presse avec la police.

Le suspect a aussi expliqué aux policiers que le corps d'Elias, dont le portrait avait été largement diffusé depuis sa disparition le 8 juillet, avait été enterré dans un jardin ouvrier qu'il possède, à une cinquantaine de kilomètres au sud de Berlin.

Après de longues fouilles sur ce lopin de terre à Luckenwalde (est), sur la base d'un croquis dessiné par le meurtrier présumé, les enquêteurs ont découvert un «paquet contenant une dépouille humaine», a indiqué la police en fin de journée.

Dénoncé par sa mère

«Pour établir avec certitude qu'il s'agit d'Elias, il faudra attendre les conclusions des analyses médico-légales», a précisé la même source dans un communiqué.

Inconnu jusqu'ici des services de police, le suspect a «avoué en détail» le meurtre de Mohamed, mais n'a livré aucune précision sur celui d'Elias, selon Heinrich Junker, le procureur de Potsdam.

Employé d'une société de sécurité, il avait été arrêté après un coup de fil de sa mère à la police affirmant que son fils avait avoué un crime.

Son père l'aurait reconnu sur des images tirées d'une caméra de surveillance, d'après le journal Bild. Sur certaines, largement diffusées par la police depuis la disparition du bambin, on distinguait un homme d'âge moyen tenant la main d'un enfant

D'autres images, diffusées ultérieurement et de meilleure qualité, montraient ce même homme s'approchant du Lageso où, selon Winfrid Wenzel, responsable de l'enquête policière à Berlin, il voulait distribuer des «peluches et des jouets» aux enfants de réfugiés.

Des files d'attente interminables de migrants se sont formées depuis le début de l'été devant ce centre au point de faire la une de tous les journaux, alors que l'Allemagne accueille des centaines de milliers de réfugiés fuyant la guerre ou la misère.

Un des voisins de Silvio S., interrogé par le site internet de l'hebdomadaire Der Spiegel, a décrit un homme «timide, presque peureux».

D'autres victimes?

La police examine maintenant d'autres dossiers de disparitions d'enfants dans lesquelles cet homme pourrait être impliqué, notamment celui d'une petite fille de cinq ans dans une forêt de Stendal, dans l'État de Saxe-Anhalt (ex-RDA), le 2 mai.

Les enquêteurs berlinois sont «en contact étroit» avec ceux de Stendal, a souligné le policier Winfrid Wenzel.

Le petit Mohamed vivait depuis plus d'un an avec sa mère et deux autres enfants en Allemagne où il était arrivé en provenance de Bosnie-Herzégovine.

Il disposait avec sa famille d'un statut provisoire de «personne tolérée», qui concerne ceux qui ne peuvent voir leur demande d'asile aboutir, mais dont l'expulsion immédiate n'est pas possible en raison des dangers qu'ils encourent dans leur pays d'origine.

Son corps a été retrouvé jeudi dans le coffre de la voiture de son meurtrier présumé, placé dans une bassine et recouvert de litière pour chat. Après l'avoir tué, le meurtrier présumé avait dans un premier temps caché le corps dans le grenier de l'habitation qu'il partageait avec ses parents, selon M. Von Hagen.

Le Lageso est devenu l'un des endroits les plus emblématiques des difficultés que rencontre l'Allemagne à prendre en charge les dizaines de milliers de migrants qui arrivent à Berlin.

Ils doivent attendre dans des conditions sanitaires déplorables. Un nouveau centre vient d'être inauguré à l'approche de l'hiver.