Un voisin assassiné. Des chiens empoisonnés. Une chasse à l'homme. John McAfee, fondateur de la société de logiciels antivirus McAfee, se trouve au coeur d'une histoire surréelle au Belize. Recherché par la police, l'Américain de 67 ans se cache aujourd'hui dans la jungle avec sa petite amie et dit craindre d'être abattu par les autorités «corrompues» du pays isolé.

Dimanche dernier, à 7h20 du matin, une femme de ménage de San Pedro, au Belize, a ouvert la porte de la maison de Gregory Faull, un Américain expatrié, pour commencer sa journée de travail. À l'étage, dans un couloir, elle a découvert M. Faull sans vie, gisant dans une mare de sang.

Une douille vide de 9 mm a été trouvée sur le sol près du corps par les policiers dépêchés sur place. L'ordinateur portable et le téléphone cellulaire de la victime avaient disparu.

Les policiers sont allés cogner à la porte de John McAfee, voisin de M. Faull, avec qui il n'était pas en bons termes. Aucune réponse. Ils ont alors mené un raid sur la propriété, apparemment sans faire attention à un bout de carton posé sur la plage, près de la maison.

John McAfee était enfoui dans le sable. Il avait placé un morceau de carton sur son visage pour pouvoir respirer.

Cavale

Depuis, John McAfee, fondateur de la société de logiciels antivirus McAfee, rachetée par Intel en 2010 pour 7,68 milliards de dollars, est en cavale.

«Je bouge constamment, a-t-il dit cette semaine à l'Associated Press lors d'une brève conversation téléphonique. Je change aussi de téléphone fréquemment. Celui-ci va expirer bientôt.»

John McAfee, 67 ans, a déménagé au Belize il y a trois ans pour payer moins d'impôts et passer du temps à pratiquer le yoga et vivre une vie d'aventurier. Il est accompagné de sa petite amie, et ne se déplace pas sans ses gardes du corps, selon les médias locaux.

Sa santé mentale serait fragile: l'été dernier, durant une entrevue dans sa maison avec un journaliste du magazine Wired, il a mis une balle dans le barillet de son revolver Smith&Wesson, l'a fait tourner, et a placé le canon sur sa tempe. Il a tiré la détente cinq fois très rapidement. Puis une sixième fois. Puis plusieurs fois ensuite.

Le journaliste a compris que McAfee n'avait pas vraiment mis la balle dans le barillet.

»Paranoïaque et un peu fêlé»

McAfee et son voisin, Gregory Faull, ne s'aimaient pas: Faull s'était souvent plaint des chiens de McAfee, qui couraient en liberté et dérangeaient les cyclistes et les piétons.

La semaine dernière, des chiens de McAfee sont morts empoisonnés, ont rapporté les autorités. McAfee a dit qu'il ne soupçonnait pas son voisin.

«Je le connaissais à peine. Il buvait beaucoup et il embêtait les autres. Mais bon, le monde est plein de gens qui embêtent les autres, si on les tuait tous, il ne resterait plus personne.»

Cette semaine, le premier ministre du Belize, Dean Barrow, a affirmé que McAfee n'était pas accusé de meurtre, et que les autorités cherchaient seulement à l'interroger.

«Je ne veux pas être déplacé, mais je crois que c'est un individu extrêmement paranoïaque, et même un peu fêlé.»

McAfee affirme que le Belize est «extrêmement corrompu» et soutient ne pas faire confiance aux autorités, a rapporté l'AP. Selon lui, des commandos de la mort cherchent à l'assassiner, et ils ont tué son voisin par erreur.

McAfee dit qu'il ne compte pas se rendre. Il dit qu'il n'est pas armé.