Il y a deux semaines, en commentant la décision de la Cour suprême de valider sa réforme de la santé, Barack Obama a invité ses critiques à accepter ce verdict et à passer à autre chose.

«Ce que nous ne ferons pas - et ce que le pays ne peut pas se permettre de faire - est de nous livrer à des batailles politiques vieilles d'il y a deux ans», a-t-il déclaré.

Le président démocrate exprimait peut-être un souhait partagé par une bonne partie de ses concitoyens. En fait, s'il faut se fier à un sondage réalisé pour la Fondation de la famille Kaiser après le jugement de la Cour suprême, 56% des Américains voudraient que les opposants de l'«Obamacare» mettent fin à leurs efforts pour bloquer la mise en application de la loi.

Mais les ténors du Parti républicain n'en démordent pas. Et ils poursuivent avec une nouvelle énergie leur guerre contre l'«Obamacare». Hier encore, ils ont mis à profit leur majorité à la Chambre des représentants pour tenir un 33e vote en 18 mois sur un projet de loi abrogeant la réforme de Barack Obama, pièce maîtresse de son mandat.

Le texte a été adopté par 244 voix contre 185. Comme le Sénat à majorité démocrate a déjà annoncé son intention de ne pas y donner suite, ce vote n'a cependant qu'une valeur symbolique. Mais il sera sans doute bien accueilli par les militants républicains, qui se sont sentis trahis par la décision de la Cour suprême.

La guerre contre l'Obamacare ne se continue pas seulement à Washington. Depuis le jugement de la Cour suprême, pas moins de six gouverneurs républicains ont annoncé leur refus de participer à l'extension du programme Medicaid (l'assurance maladie publique pour les pauvres) prévue dans la réforme du président Obama.

Cette extension doit fournir une couverture maladie à 16 millions d'Américains qui en sont aujourd'hui dépourvus. Des crédits d'impôt doivent permettre à un autre groupe de 16 millions d'Américains de s'offrir une assurance privée par l'entremise d'un organisme qui doit être mis sur pied par chaque État à partir de 2014.

Or, les gouverneurs du Texas, de la Floride et de la Louisiane, entre autres, ne veulent ni créer cet organisme ni participer à l'extension du programme Medicaid, et ce, même si le gouvernement fédéral assumera le gros de la note.

«Les deux représentent des empiètements inacceptables de la souveraineté de notre État», a déclaré cette semaine le gouverneur du Texas, Rick Perry.

L'administration Obama croit que les gouverneurs récalcitrants changeront d'attitude après l'élection présidentielle de novembre. Il faudra évidemment que le président sortant réussisse à se faire réélire. Car son adversaire probable, Mitt Romney, promet lui aussi d'en finir avec l'Obamacare.

Des huées pour Mitt Romney

De son propre aveu, Mitt Romney s'attendait à être hué hier pendant son discours devant la NAACP, plus important groupe américain de défense des droits des Noirs.

En fait, l'ancien gouverneur du Massachusetts s'est assuré d'une réaction négative en employant un mot péjoratif dans la bouche d'un républicain - Obamacare - pour dénoncer la plus importante réalisation du premier président américain de couleur.

«J'éliminerai tous les dispositifs chers et non essentiels que je peux trouver, cela comprend l'Obamacare», a-t-il déclaré en détaillant son programme devant un auditoire composé de Noirs en grande partie.

Des huées ont immédiatement fusé, et se sont prolongées pendant plus de 25 secondes.

Malgré cette réaction négative, Mitt Romney espère gruger le vote de Barack Obama chez les Noirs. Pas moins de 96% d'entre eux ont préféré le candidat démocrate à la présidence à son rival républicain en 2008.