Bart de Wever, le chef de la Nouvelle Alliance flamande (NVA), est devenu le point de mire des médias belges depuis l'élection de juin dernier. Et pour cause.

Âgé de 39 ans, cet historien de formation, qui souhaite «l'évaporation» de la Belgique, se retrouve en position de force après avoir récolté 30% des voix avec son parti en Flandre.

Nombre d'élus wallons le soupçonnent de vouloir bloquer la formation d'un nouveau gouvernement fédéral pour accélérer l'atteinte de son objectif d'indépendance. Mais son entourage assure qu'il n'en est rien: «Nous espérons que nous pourrons trouver une entente pour aller de l'avant et nous travaillons nuit et jour en ce sens. Mais nous n'accepterons pas à n'importe quel prix», résume un de ses collaborateurs, le député Jan Jambon.

Le chef du NVA, qui réclame plus de compétences pour les régions, ne peut se contenter d'intégrer un nouveau gouvernement sans donner suite aux promesses d'autonomie accrue qu'il a faites à la population flamande.

Selon les politologues, une bonne part de sa crédibilité repose sur le fait qu'il est toujours resté fidèle à ses positions, refusant de se compromettre au fédéral.

Adoucir son image publique

M. Jambon pense qu'une bonne part de la montée du NVA s'explique par le passage de M. de Wever à un jeu télévisé organisé par la télévision publique en 2008. Pendant plus de 10 semaines, les Flamands ont pu le voir rivaliser d'habileté intellectuelle avec d'autres participants.

«Jusque-là, il avait une image plutôt dure. Les gens ont découvert qu'il était drôle, intelligent... Son passage a beaucoup fait pour rendre les gens plus réceptifs à notre message», dit M. Jambon.

Bart de Wever, un bon vivant qui n'hésite pas à blaguer sur son embonpoint, n'en était pas à son premier coup médiatique. En 2005, il avait notamment attiré l'attention sur lui en organisant le déversement symbolique de 13 milliards d'euros en Wallonie pour dénoncer les transferts financiers provenant de la Flandre.

Né dans une famille proche de l'extrême droite, il est soucieux aujourd'hui de dissocier le nationalisme flamand de ce courant, dit un historien qui l'a rencontré à plusieurs reprises.

Il a commis un sérieux impair à cet égard en 2007, lorsqu'il a critiqué publiquement les excuses qu'avait présentées le maire d'Anvers à la communauté juive pour le rôle des autorités locales dans les déportations survenues durant la Seconde Guerre mondiale.

Le président du Vlaams Belang, parti d'extrême droite flamand, pense que la formation de M. de Wever doit beaucoup aux efforts qu'a faits sa formation pour promouvoir l'indépendance.

«Nous avons mis la base et le NVA a empoché les gains», indique Bruno Valkeniers, qui presse les partis flamands de réclamer dès maintenant la partition.