Un acte de générosité ou un moyen de se racheter? La Grande-Bretagne était divisée hier sur la décision de Tony Blair de verser les recettes de son autobiographie, à paraître en septembre, à des soldats britanniques blessés au combat.

L'avance de 4,6 millions de livres sterling qu'il a touchée de la maison d'édition ainsi que toutes les futures redevances seront remises à la Légion royale britannique pour la construction d'un centre militaire de rééducation.

Ses mémoires, intitulées Un voyage, feront sans doute l'apologie de la décision la plus controversée de sa carrière politique: partir en guerre contre Saddam Hussein.

«Avec ce don, Tony Blair honore le courage et le sacrifice des forces armées, ce dont il a été témoin comme premier ministre en Irak, en Afghanistan, en Irlande du Nord, en Sierra Leone et au Kosovo», explique un communiqué sur son site officiel.

L'argent de Tony Blair, devrait payer le tiers des coûts de la construction du centre Battle Back, qui ouvrira ses portes en 2012.

Sa générosité a été accueillie avec suspicion et cynisme au royaume, où sa fortune évaluée à 15 millions de livres sterling, acquise grâce à ses contrats de conférencier et de consultant, est vue d'un mauvais oeil.

Des parents de combattants morts en Irak l'ont accusé de vouloir expier ses fautes avec de l'argent taché de sang. «Cela démontre un grand sentiment de culpabilité envers les 179 soldats morts en Irak», a écrit dans l'Independent Carol Jones, qui dit penser chaque jour à son fils qui a perdu la vie.

Rose Gentle, dont le fils a péri à Bassora en 2004, a renchéri. «C'était sa décision d'envoyer mon fils en Irak. Je le tiens toujours responsable de sa mort», a déclaré la mère endeuillée, qui milite avec l'organisation Stop the War.

L'Irak ne finit pas de plomber l'image de Blair, même trois ans après sa retraite politique. Il a été hué à la commission d'enquête sur l'invasion de l'Irak en janvier lorsqu'il a refusé d'exprimer des regrets.

Un autre pavé a été jeté dans la mare vendredi quand des experts médicaux ont demandé une nouvelle enquête sur l'affaire David Kelly. L'expert britannique en armes chimiques est mort peu de temps après avoir accusé le gouvernement Blair d'exagérer la menace irakienne. Une première enquête avait conclu au suicide.

Par ailleurs, le lancement de son livre se fera sous haute surveillance le 8 septembre prochain à Londres. Aucune dédicace ni prise de photos ne sera permise. Les sacs, cellulaires et appareils photo seront passés au peigne fin. Des militants du groupe Stop the War ont promis de faire retentir leurs porte-voix jusqu'aux oreilles de l'homme toujours aussi détesté.