Quel sera le prochain État américain à reconnaître aux homosexuels le droit de se marier? Le New Hampshire? Le New Jersey? New York?

Quelle que soit la réponse, la tendance est claire: le mariage gai gagne du terrain aux Etats-Unis. Entre le 3 avril et le 6 mai, trois nouveaux États - l'Iowa, le Vermont et le Maine - l'ont légalisé, emboîtant le pas au Massachusetts et au Connecticut. «Il ne s'agit pas seulement de victoires tactiques», a déclaré à La Presse Scott Davenport, de l'association Freedom to Marry, au lendemain de la promulgation par le gouverneur démocrate du Maine d'un texte de loi définissant le mariage comme une union entre deux personnes et non plus entre un homme et une femme.

«Nous assistons à un changement progressif qui s'étendra à tous les États-Unis. Cela ne se produira pas du jour au lendemain, mais nous y arriverons.»

L'optimisme de Scott Davenport repose sur plusieurs facteurs, dont l'évolution marquée de l'opinion à l'égard du mariage gai. Les Américains sont désormais 49% à l'approuver, selon le plus récent sondage Washington Post/ABC News, comparativement à 32% en mars 2004.

La même étude, publiée à la fin du mois d'avril, indiquait que 66% des Américains âgés de 30 ans et moins sont en faveur du mariage homosexuel. Cette donnée a convaincu au moins un stratège républicain de mettre son parti en garde contre la tentation de continuer à enfourcher ce thème comme cheval de bataille.

«Les républicains devraient réexaminer jusqu'à quel point nous sommes définis par des positions qui, à mon avis, ne correspondent pas à nos valeurs fondamentales, et qui nous mettent en porte-à-faux avec ce qui deviendra un jour l'opinion d'une majorité substantielle d'électeurs», a déclaré Steve Schmidt, stratège de la campagne présidentielle du sénateur républicain de l'Arizona, John McCain, lors d'un discours récent.

«Quelque chose a changé»

Bien qu'ils promettent de continuer leur combat, les adversaires du mariage homosexuel reconnaissent que le vent a tourné depuis 2004, l'année où 11 États ont approuvé par voie référendaire un amendement à leur Constitution qui définit le mariage comme l'union entre un homme et une femme.

Même la victoire qu'ils ont remportée lors du référendum de novembre 2008 en Californie semble lointaine.

«C'est palpable, quelque chose a changé, et les gens doivent réagir», a déclaré Brian Brown, de l'association NOM (National Organization for Marriage), qui vient de lancer une campagne publicitaire de deux millions de dollars pour «mettre de l'avant le fait que le mariage entre personnes du même sexe sape les droits civils de ceux qui croient en la simple vérité selon laquelle le mariage est l'union d'un homme et d'une femme».

Un des faits marquants de la lutte en faveur du mariage homosexuel est peut-être survenu le 3 avril. Ce jour-là, la Cour suprême de l'Iowa a jugé dans une décision unanime que l'interdiction du mariage homosexuel était inconstitutionnelle et que les couples de même sexe devaient avoir «plein accès» à l'institution du mariage civil. Ce verdict n'était pas rendu par un tribunal de San Francisco ou de Boston, mais par un État rural situé en plein coeur des États-Unis.

Trois jours plus tard, le Vermont a créé un précédent en devenant le premier État à légaliser le mariage homosexuel par voie législative, et non judiciaire. Le Maine a emprunté la même voie, et les États du New Hampshire, du New Jersey et de New York, entre autres, suivent également cet exemple, privant les adversaires du mariage homosexuel de leur argument préféré contre les «juges activistes».

À New York, c'est le gouverneur démocrate David Paterson, le premier Noir à occuper ce poste, qui mène le combat en faveur de la légalisation des mariages entre personnes de même sexe. À la mi-avril, en présentant un texte de loi sur ce sujet, il a comparé sa lutte au mouvement en faveur de l'abolition de l'esclavage au XIXe siècle.

«Nous avons le devoir de nous assurer que l'égalité existe pour tout le monde», a-t-il déclaré lors d'une conférence de presse.

Le texte de loi devrait être adopté facilement par l'Assemblée de l'État de New York. Son passage par le Sénat demeure cependant incertain.

Sur le plan national, Barack Obama maintient son opposition au mariage homosexuel, tout en se disant «ouvert à la possibilité» que son opinion sur le sujet soit erronée. Cette position lui a valu d'être critiqué par des militants des droits des homosexuels. Scott Davenport, de l'association Freedom to Marry, lui donne cependant le bénéfice du doute.

«Je crois que le président Obama finira par changer d'avis», a-t-il dit