Un pasteur canadien qui purge une peine de prison à vie en Corée du Nord raconte qu'il s'échine dans un camp de travail huit heures par jour, six jours par semaine, sans aucun contact avec le monde extérieur.

Hyeon Soo Lim, pasteur auprès d'une église presbytérienne coréenne à Toronto, a pu accorder une entrevue à la chaîne américaine CNN. Le pasteur indique qu'il a mis beaucoup de temps avant de s'habituer aux travaux forcés, mais il s'encourage en se disant que tout cet exercice est bon pour sa santé.

Le sexagénaire aimerait par contre avoir des nouvelles de sa famille et déplore le fait qu'il n'a pu leur envoyer jusqu'ici qu'une seule lettre. Le pasteur Lim assure cependant que cette épreuve n'a pas ébranlé sa foi et qu'il continue à prier - il a même demandé une Bible aux autorités nord-coréennes.

M. Lim a été condamné par la Cour suprême de Corée du Nord, en décembre, à la prison à vie et aux travaux forcés pour «crimes contre l'État». Il était notamment accusé d'avoir manqué de respect envers le leader suprême, d'avoir tenté d'utiliser la religion pour détruire le système nord-coréen, d'avoir diffamé le régime auprès des Coréens à l'étranger, d'avoir aidé les Américains et les Sud-Coréens à attirer et enlever des citoyens nord-coréens, et d'avoir participé à des programmes d'aide aux transfuges.

Selon ses proches, M. Lim s'était rendu en Corée du Nord le 31 janvier 2014 dans le cadre d'une mission humanitaire «de routine» en soutien à un centre d'hébergement et de soins de longue durée, une infirmerie et un orphelinat. Le pasteur aurait ainsi effectué depuis 1997 plus de 100 visites en Corée du Nord - des missions humanitaires et non politiques, selon ses proches.

Le régime nord-coréen a adopté une attitude très stricte face aux activités religieuses et aux missionnaires, qui sont vus comme une menace à la suprématie des dirigeants. On peut être arrêté et sévèrement condamné dans ce pays pour avoir seulement laissé derrière soi une Bible dans un endroit public.

Le gouvernement canadien avait dénoncé la peine «excessivement sévère» prononcée contre M. Lim. Le premier ministre Justin Trudeau rappelait en décembre que des représentants consulaires canadiens n'avaient pu le rencontrer depuis le début de sa détention en février 2015, sauf pendant le bref procès au cours duquel il a été condamné, en décembre.

Les autorités canadiennes et américaines conseillent à leurs ressortissants de ne pas se rendre en Corée du Nord.