Barack Obama va devenir dimanche le premier président américain en exercice à voyager en Birmanie, moment fort d'une tournée en Asie du sud-est qui le conduira aussi en Thaïlande et au Cambodge, où il participera à des sommets régionaux.

Pour ce premier déplacement à l'étranger depuis sa réélection le 6 novembre, M. Obama ne restera que quelques heures dimanche à Rangoon, le temps de rencontrer son homologue Thein Sein et de revoir l'opposante Aung San Suu Kyi, deux mois après l'avoir reçue à la Maison-Blanche.

Cette visite historique veut mettre en relief ce que la présidence américaine estime être l'un de ses succès de politique étrangère: la libéralisation d'un régime encore il y a peu aux mains des militaires et où Mme Suu Kyi était en résidence surveillée.

Depuis son arrivée au pouvoir début 2009, M. Obama cherche à réorienter les priorités de politique étrangère des États-Unis vers l'Asie, continent dynamique selon lui négligé par son prédécesseur George W. Bush au profit du Moyen-Orient, avec en arrière-plan une lutte d'influence avec la Chine.

M. Obama avait le premier décidé en 2009 de rouvrir le dialogue avec la junte birmane. Les militaires ont cédé la place en mars 2011 à un régime d'anciens généraux et des réformes sont en cours.

Le pouvoir a notamment libéré des centaines de prisonniers d'opinion et permis le retour au coeur du jeu politique de Mme Suu Kyi, élue députée en avril. Les États-Unis ont mis fin à la plupart des restrictions sur leurs investissements et un ambassadeur est en poste depuis juillet, une première depuis 22 ans.

La Maison-Blanche a affirmé que cette visite récompensait les «progrès» effectués par le gouvernement birman. «Mais ils sont (encore) au début d'un parcours vers la démocratie et les droits de l'homme», a prévenu Ben Rhodes, conseiller adjoint à la sécurité nationale, pour qui «beaucoup reste à faire» dans ce pays.

Relation «constructive» espérée avec Pékin

M. Obama entamera sa tournée samedi par la Thaïlande et sera reçu en audience par le roi Bhumibol Adulyadej. Il s'entretiendra en tête-à-tête avec la Première ministre Yingluck Shinawatra, alors que les deux pays fêtent leurs 180 ans de relations diplomatiques.

Lundi et mardi, M. Obama sera aussi le premier président américain à effectuer une visite au Cambodge, où il assistera aux sommets de l'Asie de l'Est (EAS) et de l'Association des nations du sud-est asiatique (Asean).

Il en profitera pour insister sur la question des droits de l'homme avec le Premier ministre Hun Sen, a expliqué une responsable de la Maison-Blanche chargée de ce dossier, Samantha Power, pour qui une tendance «très inquiétante» à ce sujet se développe dans ce pays.

Egalement en marge de ces sommets, M. Obama rencontrera en tête-à-tête le Premier ministre chinois Wen Jiabao et le chef du gouvernement japonais Yoshihiko Noda.

Ces rencontres séparées auront lieu alors que Tokyo et Pékin ont vu leurs relations se détériorer avec la résurgence d'un conflit territorial en mer de Chine orientale.

Tant M. Wen que M. Noda pourraient être en sursis, l'annonce d'élections législatives anticipées semblant imminente au Japon, tandis que l'équipe dirigeante chinoise est en cours de renouvellement avec l'accession de Xi Jinping à la tête du Parti communiste.

Un proche conseiller de M. Obama, Thomas Donilon, a exprimé jeudi la volonté de Washington de poursuivre sa relation «constructive» avec la Chine, malgré les multiples différends qui opposent les deux grandes puissances.

La secrétaire d'État Hillary Clinton accompagnera M. Obama à chaque étape de cette tournée pour ce qui pourrait être leur dernier voyage en tandem, Mme Clinton ayant indiqué qu'elle ne souhaitait pas rester à la tête de la diplomatie américaine lors du second mandat de M. Obama, qui commencera formellement le 20 janvier.